Cette situation est valable pour tous les constructeurs locaux qui devront atteindre cinq ans de mise en exploitation de leurs unités d'assemblage. L'usine d'assemblage de Renault Algérie Production (RAP), sise à Oued Tlélat, à Oran, est à la croisée des chemins. Pour cause, cette unité d'assemblage lancée en 2014 devra consommer ses cinq années de production et, du coup, ne bénéficiera plus des avantages fiscaux et parafiscaux édictés par le cahier des charges régissant cette activité. Censée passer aux caps du CKD et de l'exportation, notamment à travers la hausse du volume de production et l'introduction de nouvelles technologies pour développer le processus de montage et réaliser des extensions à même d'intégrer d'autres équipementiers pour augmenter le taux d'intégration et asseoir une sous-traitance souhaitée par la loi, RAP ne devra reprendre ses activités qu'en 2020, selon la ministre l'Industrie et des Mines, Djamila Tamazirt, qui avait reçu, la semaine écoulée, une délégation du groupe Renault conduite par le directeur général de Renault Algérie, André Abboud, et le patron de RAP. En ce sens, les deux parties ont évoqué tous les volets liés à RAP et à ses perspectives, mais aussi la situation qui prévaut au niveau cette usine d'assemblage qui fait face à l'épuisement de ses stocks de kits SKD qui lui permettraient de boucler l'année 2019. Et si le communiqué du ministère de l'Industrie qui a sanctionné cette rencontre a fait état des assurances de Mme Tamazirt quant à la reprise de l'activité de RAP en 2020, il n'en demeure pas moins qu'aucune des deux parties n'a évoqué le virage décisif que prendra cette usine à partir du mois de novembre prochain, date à laquelle RAP devra être démunie des avantages accordés par l'Etat algérien. Devant cette situation, le gouvernement algérien devra statuer sur le devenir de RAP. D'où cette question qui coule de source : le gouvernement va-t-il proroger ces avantages à RAP avec un cahier des charges dont les clauses seront claires comme de l'eau de roche ? L'avenir nous le dira, certes, mais RAP devra, inévitablement, entrer dans sa deuxième phase, c'est-à-dire le CKD, dans moins de trois mois. Même si aucun échéancier n'a été avancé, la ministre a été intransigeante sur les délais et fait savoir aux responsables de Renault Algérie et de RAP qu'"après les réajustements opérés en 2019 relatifs au quota de kits SKD attribué par le gouvernement, l'activité de l'usine reprendra son cours en 2020". Elle insistera, ensuite, sur les aspects liés au développement de la sous-traitance et à l'exportation, conformément aux textes réglementaires régissant cette activité. Du reste, il faudra relever que RAP, dont la Société nationale des véhicules industriels (SNVI) et le Fonds national d'investissement (FNI) sont actionnaires, n'a développé, en cinq ans, que trois modèles, à savoir Dacia Sandero Stepway, Clio Symbol et Clio 4, sachant que ce dernier modèle est en fin de vie avec l'arrivée de la Clio 5 sur le marché mondial. À moins que Renault ait déjà introduit des demandes d'homologation pour embarquer d'autres modèles dans ses bagages dès 2020. Pour le moment, Renault a seulement signifié la non-fermeture de RAP, affirmant que, dès le début du mois prochain, cette usine sera contrainte de suspendre provisoirement ses activités de montage et de parer aux licenciements, à défaut d'envoyer les employés en chômage technique en attendant de meilleurs jours. Concernant les commandes validées, Renault a rassuré que ces dernières seront toutes honorées et que les clients seront livrés selon un calendrier bien précis.