Dans un mois devrait se tenir le sommet mondial de New York, qui doit réformer l'ONU. Mais, la pierre angulaire de ce projet, l'élargissement du Conseil de sécurité, est dans l'impasse et apparaît même très compromis. Le secrétaire général, Kofi Annan, chaud partisan de son élargissement, est pessimiste devant les multiples désaccords autour de cette question. Pour la première fois, il a évoqué la possibilité que le sommet qui réunira les dirigeants mondiaux du 14 au 16 septembre, avant la session annuelle de l'Assemblée générale de l'Onu, qui marquera le 60e anniversaire de la création de l'organisation, passe sans qu'un accord soit trouvé sur le Conseil de sécurité. C'est que les Etats-Unis ne sont pas prêts à lâcher du lest sur une institution qu'ils ont en main grâce à leur droit de veto et aux jeux de coulisses qu'ils s'autorisent. Le nouvel ambassadeur américain à l'Onu, John Bolton, qui a été nommé par Bush en dépit des réserves du Congrès américain, a réaffirmé l'opposition de Washington au calendrier établi par Annan. Le projet d'élargissement du Conseil est dans l'impasse, avec trois propositions concurrentes sur la table et un manque d'enthousiasme évident de la part de trois des cinq membres permanents actuels du Conseil, les Etats-Unis, la Chine et même la Russie, pour sortir du statu quo. La proposition du G4 (Allemagne, Brésil, Inde, Japon) vise à faire passer le Conseil de sécurité de quinze à vingt-cinq membres, avec six nouveaux sièges permanents sans droit de veto et quatre non permanents. Celle de l'Union africaine (UA) prévoit un Conseil de sécurité de vingt-six membres, avec six nouveaux sièges permanents dotés du veto, dont deux attribués à des pays africains, et cinq sièges non permanents, dont deux reviendraient également à des pays africains. Un troisième projet a été déposé par le groupe dit “Unis pour le consensus” mené par des rivaux régionaux du G4 (Italie, Argentine, Mexique, Pakistan, Corée du Sud) et par le Canada, prévoyant l'élargissement du Conseil à dix nouveaux membres non permanents, élus pour deux ans, comme c'est actuellement la règle, mais avec la possibilité d'être réélus immédiatement à la fin de leur mandat. Le G4 tente de séduire l'UA sur laquelle s'exercent d'intenses pressions. Washington ne souhaite pas élargir le Conseil à plus de vingt membres et veut que son principal allié asiatique, le Japon, obtienne un siège permanent sans droit de veto. Mais Pékin s'oppose à la candidature de Tokyo, à qui il reproche de ne pas s'être suffisamment repenti de son passé militaro-colonialiste. D. B.