Une nouvelle marche populaire a été organisée hier à Kherrata. Elle a drainé des milliers de manifestants. La population de cette ville historique, qui avait organisé le 16 février 2019 la première manifestation contre le régime de Bouteflika, a répondu massivement à l'appel à la mobilisation hebdomadaire contre le système et sa feuille de route. À travers cette énième démonstration de force, les Kherratis ont tenu à renouveler leur ferme attachement aux revendications du mouvement populaire, à savoir "la libération inconditionnelle de l'ensemble des détenus politiques et d'opinion", "le rejet de la nouvelle loi sur les hydrocarbures et de l'élection présidentielle fixée au 12 décembre prochain", "le départ de tous les symboles du système" et "l'instauration d'un véritable Etat civil et de droit". La déferlante humaine, qui s'est donné rendez-vous au stade communal de Kherrata, a eu à emprunter son parcours traditionnel, qui la conduira jusqu'au siège de la daïra, en passant par le centre-ville. Munis du drapeau national et de l'emblème amazigh, mais aussi des portraits de certains détenus du hirak, notamment ceux de Lakhdar Bouregâa, de Karim Tabbou et de Fodil Boumala, les marcheurs ont réclamé de nouveau la libération des prisonniers politiques et d'opinion, tout en réaffirmant leur rejet de la mascarade électorale imposée par les "résidus de la îssaba" (bande mafieuse). "Ulac l'vote ulac", "Makanch el-intikhabat mâa l'îssabat" (Pas d'élection avec les bandes mafieuses), "Makanch l'vote, wallah ma n'dirou, Bedoui wa Bensalah lazem itirou, wallah mana habsin" (Pas de vote, nous ne le ferons pas, Bedoui et Bensalah doivent partir, Dieu nous est témoin, nous ne nous arrêterons pas), "Libérez les otages", "Djazaïr hourra démocratiya" (Pour une Algérie libre et démocratique)…, a scandé la foule tout au long de son itinéraire. En réaction à la rencontre d'Abdelkader Bensalah avec le président russe, Vladimir Poutine, les manifestants ont clamé haut et fort : "Bensalah dégage", "La Bedoui, la Bensalah, système rayeh rayeh" (Ni Bedoui ni Bensalah, le système est partant). Arrivée devant le siège de la daïra de Kherrata, la procession humaine reprendra les mots d'ordre habituels, notamment le refus de l'élection présidentielle du 12 décembre et l'exigence de la libération de tous les détenus du mouvement populaire.