Aucun accord n'a été trouvé entre le ministre de tutelle et les magistrats à l'issue d'une réunion qui a duré trois heures, dans la nuit de mardi à mercredi. Le Syndicat national des magistrats (SNM), qui a déclenché une grève illimitée dimanche dernier, s'est réuni dans la nuit de mardi à mercredi avec le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Belkacem Zeghmati. En effet, contacté hier, le président du SNM, Issad Mabrouk, a confirmé la tenue de la réunion, précisant qu'elle a duré trois heures. "Aucun compromis n'a été trouvé. Le ministre campe sur ses positions et nous aussi", a assuré le magistrat, soulignant que "le mouvement de protestation se poursuivra tant que les revendications portées par le corps ne sont pas satisfaites". Le membre du gouvernement, droit dans ses bottes, a, en effet, refusé d'annuler le mouvement des mutations ayant touché 2 998 magistrats. Il a, d'ailleurs, affirmé que les cérémonies d'installation des présidents de chambres, de tribunaux, de cours et les procureurs de la République et généraux, concernés par l'opération, auront lieu à la date fixée. De son côté le SNM, probablement conscient que les magistrats s'attirent chaque jour davantage les foudres de leurs concitoyens, victimes collatérales de la grève, s'est échiné à expliquer que le pouvoir judiciaire a atteint un point de non-retour après avoir enduré, pendant deux décennies, "des dépassements et une marginalisation intentionnelle (…) et la privation de son élément central, c'est-à-dire le juge, les fondements de l'indépendance individuelle et institutionnelle". Dans un énième communiqué, rendu public hier après-midi, le SNM a rappelé les sacrifices consentis par le corps de la magistrature et s'est engagé "à ne pas tourner le dos au peuple algérien, qui revendique légitimement le changement radical. Ils (les magistrats, ndlr) le soutiennent, par conviction, car ils sont issus du peuple et rendent des jugements en son nom". Le Syndicat national des magistrats s'insurge encore une fois contre le mouvement annuel, qui n'a pas lieu dans ses échéances réglementaires, n'a pas respecté les procédures et n'a pas pris en compte des considérations objectives dans les décisions de mutations. Il incite le chef de l'Etat, comme l'a fait le CSM (Conseil supérieur de la magistrature) deux jours auparavant, à arbitrer dans le bras de fer qui l'oppose au ministre de tutelle. Pour le 4e jour consécutif, les magistrats ont complètement paralysé l'appareil judiciaire. Au niveau des tribunaux, des cours et de la Cour suprême, les audiences sont systématiquement annulées et le prononcé des verdicts dans les procès, ayant eu lieu avant l'entame de la grève, reporté sine die. Les citoyens, qui ont besoin d'un casier judiciaire ou d'un certificat de nationalité, sont fortement pénalisés par la situation. Des contraintes qui commencent sérieusement à agacer les justiciables, alors que la grève est inscrite irrémédiablement dans la durée.