Les juges conditionnent la reprise du travail par la satisfaction de leurs revendications, dont l'annulation des dernières nominations et permutations ainsi que la consécration du principe d'une justice indépendante. Les magistrats de la cour de justice de Constantine et des quatre tribunaux relevant de sa juridiction ont répondu favorablement à l'appel à la grève illimitée à laquelle a appelé le Syndicat national des magistrats (SNM). Si l'on excepte la réticence de deux ou trois magistrats au niveau de la cour, la quasi-majorité des juges a scrupuleusement observé le mot d'ordre du SNM. L'on peut estimer que le taux de suivi de la grève a atteint les 100% au niveau de la cour de Constantine et des tribunaux de Ziadia, d'El-Khroub, de Constantine et de Zighoud-Youcef, considérant qu'aucun procès n'a eu lieu en ce premier jour de débrayage, ni de jugement rendu d'ailleurs, sauf pour quelques affaires en référé, traitées conformément aux directives du SNM. Dès les premières heures de la matinée, les salles d'audience étaient désertes. A contrario, la salle des pas perdus était bondée de magistrats et d'avocats qui se sont présentés par acquit de conscience envers leurs clients. "Cette grève est venue pour dire : y en a marre de ce nouveau ministre, qui se croit supérieur à tout le monde. Nous dénonçons ce vaste mouvement de mutations qui vient d'être opéré ; c'est du jamais vu. Nous savons que son but est de briser les structures du Syndicat national des magistrats en mutant plus des deux tiers des membres de son conseil national. Nous dénonçons également l'absence d'indépendance de la justice", affirme un magistrat syndicaliste rencontré hier à la cour de justice. Les juges conditionnent la reprise du travail par la satisfaction de leurs revendications, dont l'annulation des dernières nominations et permutations effectuées par la tutelle et qui ont touché près de 3 000 juges, la consécration du principe d'une justice indépendante, tout en exigeant du ministre de cesser son traitement "condescendant avec les magistrats et leurs représentants". Aussi, le SNM a appelé à la révision immédiate des "textes juridiques actuels qui consacrent la domination du pouvoir exécutif sur le pouvoir judiciaire" et demande au ministre de la Justice Belkacem Zeghmati de "se pencher sur les revendications socioprofessionnelles des magistrats sur lesquelles il a déjà communiqué les 26 juin et le 21 septembre 2019". Ce mouvement de contestation a été décidé à l'issue d'une assemblée extraordinaire du conseil national du SNM. De son côté, le ministère de la Justice a rappelé au SNM, dans un communiqué rendu public samedi soir, qu'il est "interdit au magistrat de mener toute action individuelle ou collective susceptible d'arrêter ou d'entraver le travail judiciaire et qu'il est interdit à tout magistrat de participer ou d'inciter à la grève, qui est considérée comme une négligence dans le travail". Les magistrats grévistes ont affirmé qu'ils poursuivront cette grève jusqu'à satisfaction de toutes les revendications soulevées par leur syndicat.