Aux allures de bidonville, elle se meurt à petit feu et ses habitants souffrent le martyre. Le chef-lieu de la commune de Raouraoua (50 km au sud-ouest de Bouira) va enfin bénéficier d'un plan d'aménagement urbain. En effet, huit projets ont été retenus dans le cadre du Plan communal de développement (PCD), à hauteur de 112,5 millions de dinars, a annoncé le wali de Bouira. Les travaux, qui devraient débuter au mois de février 2020, toucheront notamment l'assainissement, la réhabilitation du réseau AEP, le revêtement de la voirie, etc. Les citoyens de cette municipalité, l'une des plus démunies de la wilaya de Bouira, accueillent cette nouvelle avec joie, mais aussi avec beaucoup d'appréhension. Et pour cause, plusieurs plans d'aménagement ont été consacrés à cette commune par le passé mais avec un résultat qui laissait souvent à désirer. Le dernier plan en date remonte à 2013, quand les autorités locales de l'époque avaient annoncé d'importants travaux d'amélioration du cadre de vie pour un montant qui avoisinait les 150 millions de dinars. Ceci étant, ces travaux n'ont finalement rien changé et la situation de la ville de Raouraoua demeure critique. Ainsi, le chef-lieu "végète" dans l'insalubrité, l'insécurité et la misère. Raouraoua dans les faits ne peut se suffire d'un simple plan d'aménagement, mais d'une véritable prise en charge en amont et en aval, car cette commune aux allures de bidonville se meurt à petit feu et ses habitants souffrent le martyre. Pour preuve, les habitations dans lesquelles vivent les citoyens de cette localité ne sont que des taudis en zinc, ce qui complique davantage la vie à ces derniers qui ne savent plus à quel saint se vouer pour améliorer leur cadre de vie qui ne cesse de se dégrader. C'est dans ces rudes conditions que les citoyens de ce quartier survivent. Le mot "survie" n'est guère galvaudé au vu de la misère qui frappe cette commune. Un habitant, chômeur de son état, raconte : "Nous sommes complètement marginalisés ! Raouraoua accuse un manque criant en matière d'aménagement urbain. Voyez par vous-même, rien n'est fait afin d'améliorer notre quotidien. Les autorités locales nous ignorent et nous méprisent tout au long de l'année. Me concernant, j'ai fui la wilaya de Médéa dans les années 90. À cette époque-là, on croyait que nos conditions de vie allaient s'améliorer avec le temps. Cependant, c'est tout le contraire, elles ne cessent de se dégrader." Interrogé sur les nouvelles mesures prises par les autorités locales, notre interlocuteur nous fera part de son scepticisme sur le sujet : "Vous savez, chaque année on nous annonce que des travaux de réhabilitation et d'aménagement viennent d'être inscrits au profit de notre localité mais au fil du temps, rien ne pointe à l'horizon, que des promesses sans suite." Concernant les logements, quelques citoyens rencontrés dénoncent "l'injustice" qui prédomine, selon eux, dans ce secteur. Un sexagénaire, rencontré aux abords de la mosquée, expliquera : "Ce qui se passe ici, c'est de l'injustice pure est simple, sinon comment expliquer que de nouveaux débarqués ont pu bénéficier d'actes de propriété pour construire et, dans le même temps, nous, les pauvres malheureux, sommes toujours considérés comme des occupants illégaux et traités comme des parias?" "C'est la politique du deux poids, deux mesures ! Ni la mairie, ni les autres services de la wilaya n'ont accepté de nous accorder la moindre aide, c'est scandaleux !", a-t-il ajouté. Un autre citoyen, désabusé, mettra en exergue l'insécurité qui règne dans les parages. "La plupart des quartiers sont devenus un repaire pour tous les brigands. Les éléments des services de sécurité ne sont pas légion en ces lieux. Les rares rondes qu'ils font s'effectuent le jour. Durant la nuit, notre cité se transforme en un refuge pour les voyous." À travers ces témoignages, on comprend aisément que ce n'est pas de simples travaux d'embellissement qui peuvent améliorer le quotidien des citoyens de Raouraoua. Cette dernière a irrémédiablement besoin d'une attention particulière de la part des autorités afin qu'elle puisse sortir la tête de l'eau.