La série Dinar semble nous réserver de nouvelles surprises. Dans ses cadrages macroéconomiques et financiers de la période 2020-2022, l'actuel gouvernement, de surcroît illégitime, anticipe une nouvelle dépréciation du dinar face à la monnaie américaine, tablant sur une parité de 1 dollar pour 133 DA. C'est une prévision propre au gouvernement et dont la banque centrale ne se sent guère concernée. Dit autrement, la politique du gouvernement n'est pas forcément celle de la Banque d'Algérie qui, depuis plusieurs mois déjà, martèle sans relâche que la gestion du taux de change du dinar ne doit aucunement être l'unique amortisseur du choc externe. Plutôt que d'accompagner cette politique monétaire d'une série de réformes budgétaires, l'actuel et les précédents exécutifs étaient restés de marbre face à la fragilisation des positions financières internes et externes du pays. La politique du taux de change se révélait ainsi comme unique outil d'atténuation des contrecoups du choc externe sur l'économie. Cependant, comme dans toutes les séries, en attendant le lancement de la prochaine saison, le décor semble être d'ores et déjà planté avec, en toile de fond, une forte dépréciation du dinar face au dollar sur la période 2020-2022. Assurément, les acteurs de la prochaine saison de dépréciation ne sont pas encore connus. Ceux qui mènent actuellement la danse au ministère des Finances pourraient être remerciés compte tenu de la vulnérabilité de l'actuel gouvernement. Il faut dire qu'au début de la première saison de cette dépréciation, Mohamed Laksaci disait qu'il était impossible que le dinar garde sa cote alors que les fondamentaux de l'économie amorçaient un dangereux mouvement baissier. En d'autres termes, un dinar surévalué risque d'être nuisible à l'économie, puisqu'il subventionne les importations au détriment de la production nationale et fait fondre, par-là même, le niveau des recettes pétrolières libellées en dinar. La star de la saison II, Mohamed Loukal, ex-gouverneur de la banque centrale et actuel ministre des Finances, était plutôt le partisan d'une stabilisation du taux de change du dinar, avant qu'il ne cède face, probablement, à la détérioration des indicateurs macroéconomiques du pays et à l'absence de réformes budgétaires susceptibles de réduire le recours excessif à la politique du taux de change. Durant ces deux premières saisons, il faut reconnaître que les ménages et les entreprises ont laissé des plumes sous le coup de cette érosion ininterrompue du dinar, amorcée dès le second semestre 2014. Résisteront-ils durablement à une nouvelle dépréciation ? La troisième saison de la série Dinar promet bel et bien du suspense. Il y aurait des dommages collatéraux, certes, mais la dépréciation s'annonce comme inévitable eu égard à l'état des fondamentaux de l'économie.