Le 37e vendredi de mobilisation contre le pouvoir et ses symboles a pulvérisé tous les records. La mobilisation citoyenne a atteint des sommets et les centaines de milliers de manifestants qui sortent dans les rues toutes les semaines depuis février dernier ne comptent visiblement pas rentrer chez eux. Pour commémorer l'anniversaire du déclenchement de la Révolution qui a conduit le pays à l'indépendance, les Algériens ont rappelé aux tenants du pouvoir leur détermination de s'affranchir du système politique auquel ils ne font plus confiance. C'est pour rappeler cette évidence qu'un slogan est venu se greffer, depuis quelques semaines déjà, à ceux qui sont scandés depuis février : "Echaâb yourid el-istiqlal" (Le peuple veut son indépendance). Dans une conjoncture marquée par un vent de révolte, l'évocation de l'anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération nationale est devenue un élément fédérateur qui a réussi à mobiliser les Algériens autour des principales revendications qu'ils portent depuis quasiment neuf mois. La grande mobilisation de vendredi 1er novembre n'est, en réalité, que la confirmation du souffle long du mouvement populaire. C'est la preuve que ni les arrestations massives ni la canicule et les vacances estivales et encore moins le Ramadhan et la rentrée scolaire n'ont entamé la détermination du peuple algérien qui, tout en restant pacifique, continue sa quête vers l'édification d'une autre république. Même la fermeture des accès menant à la capitale n'a pas réussi à dissuader les manifestants de venir en masse marcher dans Alger. La détermination est tellement forte que des dizaines de citoyens ont préféré passer la nuit de jeudi à vendredi à la belle étoile pour ne pas rater la grande marche du lendemain. Autre leçon de ce 1er novembre : le caractère national des manifestations. D'Alger à Oran, de Tizi Ouzou à Tamanrasset en passant par Béjaïa, Blida, Mostaganem, Annaba, Batna, l'incontournable Bordj Bou-Arréridj, les marches pacifiques ont touché quasiment toutes les wilayas du pays. Contrairement aux idées distillées par les cercles proches du pouvoir, il n'y a pas qu'à Alger et en Kabylie que les manifestations ont été grandioses. La cause est devenue nationale et le consensus est désormais visible partout, malgré des divergences idéologiques qui peuvent exister entre les millions de manifestants. Malgré la répression, le déni médiatique et la diabolisation des manifestants, le hirak est resté résolument pacifique. Il n'a pas cédé à la provocation et à la multiplication des arrestations opérées parmi les figures les plus en vue du mouvement populaire. Portant les portraits des détenus d'opinion, les marcheurs ont continué leur chemin tout en sachant que beaucoup d'entre eux allaient être arrêtés lors des prochaines manifestations de rue. La mobilisation de vendredi dernier est enfin un prélude à une lutte plus longue que prévu. L'entêtement du pouvoir à vouloir organiser, coûte que coûte, l'élection présidentielle en décembre fait face à la détermination des Algériens à poursuivre leur combat jusqu'à la satisfaction de toutes leurs revendications. Des appels sont d'ailleurs déjà lancés dans ce sens.