Conscients que le maintien du mouvement populaire jusqu'à la rentrée sociale est vital et important, les Sétifiens n'ont pas dérogé à la règle et n'ont pas lâché la rue pour faire entendre leur voix. En effet, pour le vingt-huitième vendredi consécutif, les Sétifiens étaient très nombreux dans la rue pour exprimer leur refus au gouvernement, au président de l'Etat, tout en demandant le départ de toutes les figures qui incarnent le système Bouteflika, mais ils ont surtout affiché un refus catégorique au dialogue lancé par le panel qui, ces derniers jours, a intensifié ses déplacements et ses rencontres aux quatre coins du pays, tout en contactant des personnalités qui ne font pas l'unanimité à Sétif, voire qui sont très contestées. Après plus de six mois de manifestations, la mobilisation reste intacte, voire durcit davantage. Comme d'habitude, dès la fin de la prière du vendredi, les Sétifiens venus des quatre coins de la ville, des communes avoisinantes et du nord de la wilaya étaient très nombreux à se rendre au lieu habituel du rassemblement des manifestants, à savoir tout le long de l'avenue de l'ALN, du 8-Mai-1945 et du 1er-novembre 1954, ainsi que des rues adjacentes pour scander différents slogans hostiles au régime en place. "On en a marre des généraux", "Karim Younès ma yimethelneche w'el-Gaïd Salah ma yahkemnache" (Karim Younès ne nous représente pas et Gaïd Salah ne nous gouverne pas), "Allah ya moulana, koun mâana awana fel khawana" (Dieu soit avec nous, aide-nous à déraciner les traîtres) ont scandé, en chœur, les manifestants qui se sont rassemblés devant le portail du siège de la wilaya. Devant un impressionnant déploiement de la police, les manifestants, qui ont marché pour sillonner plusieurs rues du centre-ville, ont aussi crié : "Esmaâ ya l'Gaïd, esmaâ ya l'Gaïd, dawla madania, machi âaskaria" (Ecoute Gaïd, nous voulons un Etat civil et non militaire). Les marcheurs, qui étaient plus nombreux que lors des vendredis précédents, ont aussi insisté sur l'aspect pacifique de la manifestation et le départ de tous les symboles de l'ancien système qui font la sourde oreille et qui ne veulent pas appliquer les articles 7 et 8 de la Constitution. "Echaâb yourid el-istiqlal" (Le peuple veut son indépendance) et "Makanech intikhabat mâa el-îssabate" (Pas de vote avec la mafia) ont scandé les manifestants qui ne décolèrent pas. FAOUZI SENOUSSAOUI