Les petites bourses habituées à la consommation des viandes blanches ont complètement été piégées par la brusque hausse des prix ces derniers jours, le prix du poulet allant de 340 à 400 DA/kg et la viande de dinde étant désormais proposée à 400 DA/kg. Alors que les bouchers affirment que leur marge de bénéfice ne dépasse pas 15 DA/kg, les éleveurs justifient la hausse des prix par le processus de fabrication. "Pour un quota de 2000 poulets, vous avez besoin de 2000 poussins à 15 DA l'unité, 50 q d'aliment de bétail à raison 5000 DA/q, 10 millions de centimes pour les produits vétérinaires, une période d'élevage variant de 45 à 60 jours, les frais d'électricité et de l'eau. Le tout calculé, vous donne un poulet à 180 DA/kg, sans oublier le taux de mortalité", détaille un aviculteur, en expliquant que lorsque l'offre dépasse la demande et que le prix du poulet chute jusqu'à 120 DA/kg, les éleveurs subissent des pertes considérables. "Du coup, seuls les plus solides financièrement peuvent reprendre le travail. Mais comme la majorité se retrouve dans l'incapacité de produire, les prix repartent forcément à la hausse." Une situation qui, selon les professionnels, ne peut être réglée que par l'intervention de l'Etat régulateur qui viendrait en aide aux aviculteurs en mettant fin aux agissements d'intermédiaires. "Le marché du poulet est géré par des courtiers qui échappent à tout contrôle. C'est à l'Etat de réguler le marché pour mettre fin à la spéculation", préconisent nos interlocuteurs qui expliquent que la "bourse" du poulet est informelle, gérée par un groupe de courtiers devenus les maîtres du marché de la viande blanche à l'ouest du pays. L'absence de l'Etat, dénonce-t-on encore, a laissé le champ libre à des intrus qui influent sur le pouvoir d'achat des salariés, mais aussi des chômeurs et les familles aux ressources financières limitées, incapables de consommer de la viande rouge fraîche qui frôle 1500 DA/kg.