Selon toute vraisemblance, c'est l'intervention de "centres de décision" et de personnalités nationales dans le conflit qui a incité le Syndicat national des magistrats à capituler. Tel que le compromis est décliné, il est difficile de penser que le corps a pleinement satisfait ses revendications essentielles. Le président du Syndicat national des magistrats a annoncé, hier après-midi, la suspension de la grève illimitée, entamée le 26 octobre dernier. L'activité judiciaire dans les tribunaux, les cours et la Cour suprême, retrouvera un rythme normal à partir d'aujourd'hui mercredi, a annoncé Issad Mabrouk qui a évoqué un accord de principe conclu avec le ministère de tutelle, par le truchement d'une médiation du président de la Cour suprême et du président de l'Union nationale des Ordres des avocats. Selon toute vraisemblance, c'est l'intervention de "centres de décision" et de personnalités nationales pour trouver une issue au conflit frappant le secteur judiciaire qui a incité le Syndicat national des magistrats à quasiment capituler. C'est en tout cas ce qu'indique le SNM dans son communiqué rendu public hier et annonçant la fin du mouvement de grève. Tel que le compromis est décliné, il est difficile de penser que le corps a pleinement satisfait ses revendications essentielles. Le mouvement annuel ayant touché 2 998 magistrats n'est pas annulé, mais plutôt modulé. Les magistrats non concernés par les mutations sont instruits de reprendre leurs fonctions sans changer leurs habitudes. Ceux agréés par les affectations rejoindront leurs nouvelles juridictions avec consigne de commencer à étudier immédiatement les dossiers laissés en rade. Les autres, c'est-à-dire ceux qui se sentent lésés par le mouvement annoncé par le ministère de la Justice, seront installés à leurs postes, sans y assurer les charges y afférentes jusqu'à recevoir une réponse à leur recours de la part du CSM (Conseil supérieur de la magistrature), au terme de la troisième semaine du mois de novembre courant. Le président du SNM a assuré que les magistrats grévistes ne seront pas sanctionnés. Au contraire, le corps de la magistrature a obtenu un écho favorable à ses revendications sociales. Les indemnités des juges seront augmentées, selon le SNM, dès le mois de décembre avec effet rétroactif au 1er janvier 2019. L'instance syndicale n'a pas précisé, néanmoins, sous quelle forme se matérialisera la revalorisation promise. Elle a informé, néanmoins, sur la mise en place d'un atelier de réflexion sur la révision des lois codifiant le travail de la magistrature. Hormis les avantages pécuniaires, la moisson des magistrats est relativement maigre après dix jours de grève et surtout l'incursion "brutale" des brigades antiémeutes de la Gendarmerie nationale dans la cour d'Oran, dimanche 3 novembre. Ce jour-là, très en colère, le syndicat est monté au créneau et a décidé de rompre le dialogue jusqu'au départ du ministre de la Justice, garde des Sceaux, Belkacem Zeghmati. Le lendemain lors d'un rassemblement à la Cour suprême, son président, appuyé par le Club des magistrats libres et le Conseil supérieur de la magistrature, a exprimé sa détermination à ne pas céder aux pressions et a réclamé l'affranchissement de la justice de l'emprise du pouvoir exécutif. Il est apparu, 24 heures plus tard, dans l'habit d'un homme conciliant, renonçant à des exigences fondamentales. Mais en fin de compte, le Syndicat national des magistrats a préféré battre en retraite pour des raisons qui restent pour le moment inconnues, alors qu'il avait conditionné la reprise de tout dialogue avec les autorités par le départ du ministre de la Justice, Belkacem Zeghmati.