Paralysée politiquement, l'Espagne retourne aux urnes aujourd'hui pour la quatrième fois en quatre ans dans un contexte de crise ouverte en Catalogne qui devrait provoquer une montée du parti d'extrême droite Vox. Vainqueur des dernières élections fin avril mais incapable de s'entendre au minimum avec la gauche radicale de Podemos pour être reconduit au pouvoir, le Chef du gouvernement socialiste sortant Pedro Sanchez (PSOE) est donné une nouvelle fois gagnant par les sondages. Mais il ne devrait pas sortir renforcé de ce scrutin comme il l'espérait, contrairement au Parti populaire (PP, droite) mais surtout à Vox qui pourrait devenir la troisième force politique après avoir fait son entrée à la chambre des députés en avril dans un pays où l'extrême droite était marginale depuis la fin de la dictature franquiste en 1975. Cette formation ultranationaliste, qui prône l'interdiction des partis séparatistes et tient un discours très dur sur l'immigration, profite de l'émoi suscité par les scènes de guérilla urbaine à Barcelone ayant suivi la condamnation mi-octobre de dirigeants indépendantistes catalans pour leur rôle dans la tentative de sécession de 2017. Selon de récents sondages, elle pourrait doubler son nombre de députés à près de 50 sur 350. Pour mobiliser son électorat, M. Sanchez a mis en garde ces derniers jours contre la montée de ce parti qui représente selon lui "une Espagne en noir et blanc d'il y a 40 ans qui ne doit jamais faire son retour". Dans ce contexte, le PP et les libéraux de Ciudadanos n'ont cessé d'attaquer M. Sanchez sur le dossier catalan en le pressant de suspendre l'autonomie de la région et de destituer son président séparatiste Quim Torra. Craignant que cette crise en Catalogne ne favorise trop la droite, le socialiste a durci son discours. Il a par ailleurs envoyé des renforts policiers dans la riche région du nord-est du pays en vue de garantir la bonne marche du scrutin et d'éviter une éventuelle occupation des bureaux de vote hier. Ce jour-là, où les manifestations sont interdites, la mystérieuse plateforme Tsunami Démocratique, qui avait organisé une tentative de blocage de l'aéroport de Barcelone, appellait les indépendantistes à une journée de "désobéissance civile" à travers la Catalogne. Ce quatrième scrutin en quatre ans risque de ne pas mettre fin à l'instabilité politique qui mine la quatrième économie de la zone euro depuis que le bipartisme PP-PSOE a volé en éclats en 2015 avec l'irruption de Podemos et de Ciudadanos au Parlement.