S'il assure n'être "le candidat de personne", Abdelmadjid Tebboune rallie déjà à sa cause beaucoup d'anciens soutiens d'Abdelaziz Bouteflika. Quelques heures après la confirmation des candidatures officiellement retenues pour l'élection présidentielle fixée pour le 12 décembre prochain, des partis politiques, associations et personnalités commencent à afficher leurs préférences. C'est le candidat Abdelmadjid Tebboune qui semble avoir la cote auprès des anciens soutiens d'Abdelaziz Bouteflika. Bizarrement, la première organisation à avoir déclaré sa "flamme" à celui qui se présente comme un "candidat indépendant" est l'Association des zaouïas. Cette association, qui a notamment été aux manettes lors de plusieurs visites effectuées par l'ancien ministre de l'Energie Chakib Khelil à plusieurs zaouïas du pays en 2016, a annoncé soutenir Abdelmadjid Tebboune. Si cette association ne représente pas toutes les institutions religieuses traditionnelles du pays, elle a toujours accompagné l'ancien système politique. Même lorsque des millions d'Algériens sortaient dans les rues pour réclamer le départ d'Abdelaziz Bouteflika, cette organisation continuait d'apporter son soutien à celui qui faisait de ces institutions religieuses un tremplin pour arriver au pouvoir. Outre les zaouïas, le parti El-Islah, qui a tout misé sur le cinquième mandat pour Abdelaziz Bouteflika, s'est vite empressé d'apporter son soutien, lui aussi, à Abdelmadjid Tebboune. Son secrétaire général, Filali Ghouini, qui s'est spécialisé ces dernières années dans le soutien indiscutable et inconditionnel au pouvoir, a déclaré soutenir le candidat Tebboune. "Après concertation avec les membres du madjliss echoura, nous avons décidé de soutenir, par conviction, le candidat indépendant, Abdelmadjid Tebboune", a annoncé Ghouini, sur un ton solennel. Le discours est la copie conforme de celui que l'homme avait prononcé, le printemps dernier, pour étayer son soutien au cinquième mandat pour AbdelazizBouteflika. D'autres anciens soutiens au chef de l'Etat déchu s'apprêtent à soutenir son ancien Premier ministre. C'est le cas du secrétaire général de l'Alliance nationale républicaine (ANR), Belkacem Sahli. Si le candidat malheureux à la candidature (son dossier ayant été rejeté pour, notamment, insuffisance des parrainages d'électeurs) ne s'est pas encore prononcé publiquement, son entourage assure qu'il déclarera son appui à l'ancien ministre de l'Habitat dans les prochaines heures. "Une chose est sûre : il ne soutiendra pas Benflis", assure un de ses proches. Si le Front de libération nationale n'a pas donné de consigne de vote, des militants et cadres de ce parti se bousculent au portillon des représentations locales du candidat Abdelmadjid Tebboune. Les listes des représentants de ce candidat au niveau local regorgent en effet de noms de militants et cadres du FLN. Parmi eux, beaucoup ont appuyé, avec un zèle remarquable, la démarche qui visait à offrir à Abdelaziz Bouteflika un nouveau mandat présidentiel en avril dernier. Du côté du FLN pourtant, on assure que le vieux parti, qui fait face à un rejet populaire sans précédent dans le sillage du mouvement citoyen en cours, ne donnera pas de consigne de vote. "Du moins, pas pour le premier tour", assure un cadre du parti, qui préfère se mettre en retrait en ces temps de révolution populaire contre le système politique. Notre interlocuteur assure même que l'ancien parti unique n'avait pas aidé Abdelmadjid Tebboune, formellement militant de ce parti, à recueillir les parrainages des électeurs. Mais "il y a toujours des opportunistes" qui se jettent dans les bras du candidat dont ils pensent qu'il est "soutenu par le système". L'idée qui fait d'Abdelmadjid Tebboune "le candidat du système" précipitera de nouveaux soutiens dans son giron. Le candidat, lui, surfe sur cette vague, même s'il peut lui en coûter de compter autant de supporters qui furent des partisans notoires de Bouteflika et même du 5e mandat.