Pour les six mois d'incarcération de la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, le collectif national pour sa libération a organisé, hier, une conférence de presse, renouvelant l'appel à sa libération à l'issue du procès en appel devant se tenir fin novembre, si les délais réglementaires sont respectés. La rencontre s'est déroulée en présence de quelques familles de manifestants et de détenus d'opinion incarcérés et de Fethi Gherras, coordinateur national du Mouvement démocratique et social (MDS). Commentant les condamnations prononcées hier et avant-hier à l'encontre de manifestants et de porteurs du drapeau amazigh à des peines de six mois de prison par le tribunal de Sidi M'hamed, Youssef Ramdane Taâzibt, membre du bureau politique du PT, a déclaré : "Le verdict a, certes, provoqué la colère des citoyens et fait couler les larmes de leurs familles, car il constitue une provocation contre la révolution. Mais en réalité, on assiste tous les jours au procès du système." Selon Youssef Ramdane Taâzibt, le déroulé du procès de Louisa Hanoune n'a laissé aucun doute sur l'absence de "complot contre l'autorité de l'Etat et de l'armée", ce qui n'a pas empêché la condamnation de l'opposante politique à quinze ans de prison ferme : "Les gens ont compris qu'en mettant Louisa Hanoune en prison, on voulait faire taire une voix de la révolution et aussi faire peur aux responsables politiques." Et d'ajouter : "La condamnation de Louisa Hanoune est une criminalisation dangereuse de l'action politique et une attaque contre la démocratie. Ses avocats ont démontré qu'il n'y a aucune raison pouvant justifier son incarcération. On constate fâcheusement que, malgré le départ de Bouteflika, le système utilise les mêmes pratiques." Le membre du bureau politique du PT a soutenu que Louisa Hanoune bénéficie d'une très large solidarité au niveau international. "101 pays implantés dans 4 continents ont apporté leur soutien à Louisa Hanoune par la voix de nombreux partis politiques démocratiques et de gauche, de nombreux syndicats comme la CGT et des responsables politiques de 28 pays africains. Certains ont demandé aux autorités algériennes l'autorisation de lui rendre visite en prison, à titre humanitaire", précise Ramdane Taâzibt. Le membre du collectif de défense, Me Boudjemâa Ghechir, a estimé que la SG du PT "n'a commis aucun délit. Elle a rencontré Saïd Bouteflika, à l'époque conseiller à la présidence, dans le cadre de ses engagements et de son rôle de chef de parti, et ce, dans le respect des statuts du PT et de la Constitution. C'est une incarcération politique, et il fallait que toutes les formations politiques se mobilisent contre cet abus, car cela peut arriver à tout le monde". Car, étaye-t-il, "nous sommes dans un état d'urgence non déclaré ; tous ceux qui sont contre le système peuvent être ciblés". Me Saheb a, lui aussi, qualifié le procès de Louisa Hanoune d'"expéditif" et les poursuites contre elle d'"injustifiées", alors que le pays vit un tournant décisif. D'après lui, "on veut spolier le peuple de sa souveraineté et donc de sa volonté de devenir acteur de sa propre destinée. Louisa Hanoune a été condamnée avant même son procès par un lynchage médiatique pour qu'elle ne soit pas avec les Algériens, avec sa fougue et son énergie. On est dans une pure criminalisation de l'action politique". Me Seddik Mouhous pense que donner un avis sur la sortie de crise en "proposant une personne pour gérer la période de transition n'a rien d'un complot". Evoquant le procès en appel de Louisa Hanoune, il annonce que, "normalement, il devrait avoir lieu fin novembre" même si, ajoute-t-il, rien n'est acquis, car "dans le contexte actuel, on perd la boussole. On ne sait plus". Nissa H.