Si pour certains, il est nécessaire de rétablir la vérité et la justice avant la réconciliation, d'autres estiment que le projet du Président est de nature à régler la crise. Entre ces deux positions, il y a ceux qui voient dans la charte une solution technique sans portée politique. Au lendemain du discours du président de la République, dans lequel il a levé un coin du voile sur son projet de “Charte de paix et de réconciliation nationale”, les réactions au sein de la classe politique et des organisations de la société civile s'expriment et oscillent entre dénonciation, réserve et soutien. Florilège de ces positions. Pour Ali Laskri, premier secrétaire du FFS, le projet de Bouteflika n'est ni plus ni moins qu'un “compromis entre les décideurs”. Il ajoute que “la charte pèche par un certain confusionnisme qui ne règle pas la crise politique. Je considère aussi que son contenu est ambigu et ne pose pas les bases de la réhabilitation du politique et de la refondation de l'Etat”. Enfin, estime le responsable du FFS, il “ne ressort de ce texte que le traitement sécuritaire et juridico-administratif de la crise”. Le bureau exécutif du MSP qui s'est réuni hier estime que “le projet de Charte de la paix contribuera sans conteste au règlement de la crise algérienne dont le terrorisme porte la responsabilité en plus d'autres raisons comme le parti unique et la marginalisation”. Le communiqué portant la signature de Abderazzak Mokri, vice-président du MSP qui estime que le président de la République a bâti son projet sur “une bonne lecture des causes de la crise politique, ce qui est de nature à éviter sa reproduction dans le futur”. Tout en affirmant sa disponibilité pour la promotion de ce projet, le parti islamiste du pouvoir demande d'autres “initiatives plus audacieuses imposées par les problèmes en suspens”. De son côté, Farouk K'sentini, président de la Commission de promotion des droits de l'Homme pense que “les familles des disparus se feront une raison”. Il nous a déclaré hier que le chef de l'Etat s'est inspiré des recommandations de la commission ad hoc qui a géré le dossier des disparus, pour prendre les dispositions y afférents contenues dans la Charte amnistiante. “C'est tout à fait normal que l'Etat endosse la responsabilité des disparitions, parce qu'il est garant de ses agents, qui ont commis isolement des actes répréhensibles”. Selon notre interlocuteur, les familles des disparus se feront certainement une raison, car elles ont subi “des épreuves qui se sont imposées à nous tous”. Il a ajouté que le président de la République “a expliqué que le terrorisme est un drame national que nous avons vécu ensemble”. Interrogé sur l'éventualité que la commission, qu'il préside, poursuivrait son travail sur le dossier des disparus dans le cas où le peuple approuverait majoritairement la charte amnistiante à l'issue du référendum du 29 septembre prochain, Me Ksentini a affirmé qu'il reviendra, alors, aux législateurs d'examiner les lois qui mettront en application les dispositions de ladite charte. L'Union des paysans algériens (Unpa) a rendu publique hier une “motion de soutien à la démarche du président de la République”. Cette organisation appelle, par ailleurs, ses adhérents à se mobiliser pour assurer la réussite de l'initiative du Président. Elle les invite enfin ses adhérents à se présenter aux urnes en masse pour le référendum. Le PNSD a accueilli “avec une profonde satisfaction les perspectives contenues dans le discours du président de la République”. Pour Mohamed Chérif Taleb “la vision courageuse, persévérante, lucide du premier magistrat du pays en faveur d'une Algérie apaisée et réconciliée avec elle-même interpelle nos consciences pour un engagement éclairé en faveur du oui lors du référendum du 29 septembre prochain”. Le PRA exprime son “soutien absolu pour le président de la République, car cette option est celle du parti depuis des années”, écrit le Parti du renouveau qui dit soutenir “toute initiative appelant au dialogue le pardon et le rejet de la violence et l'exclusion”. Le MJD annonce sa participation au référendum du 29 septembre et affirme que le parti “ne restera pas les bras croisés pour être observateur ou spectateur, luttera pour que la paix retrouve sa place en Algérie avec une jeunesse saine, toutes tendances confondues”. L'Union pour la démocratie et la République UDR ne veut pas se prononcer. Son porte parole Med Arezki Boumendil a expliqué que la position du parti sera définie par le conseil national qui se prononcera sur le projet du président de la République. Le collectif des clients spoliés d'El Khalifa Bank a exprimé hier sa réaction en disant avoir compris que “les victimes du terrorisme seront reconnues comme telles et seront honorées par la nation, que les bourreaux qui auront fait amende honorable seront amnistiés et que les victimes de l'incurie des institutions financières de l'Etat ne seront pas concernés par cette généreuse réconciliation nationale”. S. H./A. C./R. N.