Comme stimulés par l'intervention musclée de la police qui a visé exclusivement certains d'entre eux, mercredi, les hirakistes étaient bien plus nombreux à battre le pavé, hier. C'est par milliers qu'ils se sont retrouvés en ce 39e vendredi consécutif pour clamer leur refus d'une élection présidentielle organisée par les représentants du système honni et mille fois décrié. Mieux organisés que lors des marches précédentes et équipés cette fois de puissants amplis portatifs, les meneurs de la marche ont scandé, au moyen de mégaphones, des slogans hostiles aux puissants du moment, repris en chœur par les manifestants. Rassemblés sur l'esplanade du Théâtre régional, les manifestants, parmi lesquels figuraient de nombreuses femmes parées des couleurs nationales et brandissant des pancartes et des banderoles, ont commencé à marcher autour du Cours de la Révolution vers 14h, après la prière hebdomadaire du vendredi, en criant "Had el âam makanch l'vote". Devant le siège de l'APC, où elle a marqué une halte de plusieurs minutes, la foule a raillé les élus locaux et le parti FLN dont ils sont majoritairement issus, pour leur soutien affiché à l'élection décriée. Le poing levé, ils ont inlassablement crié "Khalaftou el âar, ya chayatine" et promis qu'ils continueront de manifester jusqu'à l'instauration d'une démocratie véritable. Quelques-uns d'entre les marcheurs, des jeunes notamment, s'adressaient aux passants et aux badauds qui les observaient de loin, leur demandant de ne pas rester passifs et de rejoindre le mouvement populaire et sa manifestation pacifique pour la liberté. Le slogan "Dawla madania, machi âaskaria" a été rallongé par "Machi boulissia", pour dénoncer le traitement brutal infligé aux militants du hirak à Annaba et aux quatre coins de l'Algérie. Au son des derboukas et autres instruments, les Annabis ont hurlé "Darouha el khaouana darouha" (Ils l'ont fait les traîtres, ils ont vendu le pays), allusion à l'avant-projet de loi sur les hydrocarbures qui a été voté récemment par l'APN.