Une centaine de personnes mobilisées ont manifesté timidement leur soutien au scrutin présidentiel et à l'Armée nationale populaire. Prévus pour samedi à 10h à la placette de la Liberté, le rassemblement et la marche de soutien à l'élection présidentielle ont été contrés par un rassemblement et une marche des militants du hirak à Bordj Bou-Arréridj. Avant 10h, les forces de l'ordre ont quadrillé la citadelle où les pro-élection avaient prévu d'organiser un rassemblement puis une marche. Sous une pluie fine, de petits groupes rejoignaient discrètement les lieux. D'autres sont restés à l'écart et attendaient l'arrivée de ceux qui avaient promis, sur les réseaux sociaux, un tsunami humain. Une centaine de personnes mobilisées ont manifesté timidement leur soutien à la prochaine élection présidentielle et à l'Armée nationale populaire. Elles ont scandé : "Djeïch, chaâb, khawa khawa !", "Oui à l'élection présidentielle !", "One, two, three, viva l'Algérie !"… "Je suis libre de choisir d'aller aux élections", dira un homme, la cinquantaine, drapé dans l'emblème national. Un autre moins jeune portait une pancarte sur laquelle était écrit : "Nous sommes avec l'armée." "Je suis pour l'élection présidentielle, la seule solution pour sortir de la crise", dira une vieille femme qui tenait une banderole sur laquelle était écrit "Djeïch, chaâb khawa, khawa" (Armée, peuple, des frères). Mais les hirakistes, plus nombreux, se sont rassemblés de l'autre côté du trottoir, face aux manifestants favorables à l'élection présidentielle, et ont commencé à scander "Dawla madania, machi âaskaria !" (Un Etat civil et non militaire), "Pas d'élection avec la bande", "On n'ira pas voter", ou encore "Menottez-nous, nous n'irons pas voter". "Nous sommes ici, non pas pour les empêcher de manifester, mais juste pour dire ce que nous aussi nous voulons dire", dira un jeune, qui était en train de tout filmer avec son téléphone portable. "Nous sommes ici pour leur montrer que nous sommes nombreux à rejeter cette élection", ajoute-t-il. Les hirakistes ont arrosé les pro-présidentielle de pièces de monnaie en scandant "Makanch l'vote ya s'hab el kaskrout". Les partisans du hirak, des billets de banque de 1 000 DA bien exhibés, ont cerné les rangs du soutien au système en les perturbant avec : "Pas d'élection avec la bande ni avec les habitués du casse-croûte !", "Ce sont les individus de la fitna", "Pas de vote ya chiyatine", criaient les manifestants. Sous des huées et autres slogans scandés durant les marches du hirak, les manifestants pro-élection ont été obligés de quitter les lieux sans achever leur meeting ni organiser leur marche. Les hirakistes, poussés par leur ferveur et leur nombre, ont organisé une marche spontanée dans les rues de Bordj Bou-Arréridj, exigeant "l'indépendance". Ils ont également scandé : "Rahou dja el hirak, ya s'hab el kaskrout", "Nous sommes les fils d'Amirouche et pas de marche arrière", "Fils de harki, il n'y aura pas de vote". La manifestation s'est terminée vers 13h dans le calme et sans aucun incident. "Mais jusqu'à quand ?" s'interrogent les observateurs. À la veille du début de la campagne électorale programmée pour aujourd'hui, il est certain que ces actions des jeunes du hirak à vouloir contrecarrer toute activité en faveur de l'élection présidentielle prendront plusieurs formes. Selon nos constatations, en plus des déplacements vers les lieux où se tiennent des actions des partisans de l'élection présidentielle, les activistes ont commencé à occuper les panneaux d'affichage des candidats en inscrivant : "Pas de vote avec la bande'', "Bordj Bou-Arréridj ne votera pas'', "Ce peuple ne votera pas avec cette bande''… et en placardant des photos de détenus d'opinion. Certains attendent les affiches des candidats pour les taguer. "On ne va rien casser, mais taguer oui", dira un jeune activiste.