Pour son cinquième mandat, le raïs égyptien a le privilège d'arborer le croissant de lune, symbole de l'islam, en signe de ralliement de sa campagne. L'Egypte entre aujourd'hui en campagne électorale pour choisir, le sept septembre, son raïs parmi dix candidats, dont le président Hosni Moubarak, qui se présente pour la cinquième fois consécutive. La campagne se déroule dans un climat alourdi par la recrudescence d'attentats terroristes, dont le dernier à Charm El Cheikh devait servir de rampe de lancement à la décision de Moubarak de rempiler, alors que chez lui et à l'étranger, il lui avait été conseillé de passer la main. Le raïs part archi favori pour ce scrutin, le premier multipartite et au suffrage universel. Une partie de l'opposition entend, cependant, le boycotter, l'estimant joué d'avance et non transparent. Après avoir laissé planer pendant des mois le doute, Moubarak, au pouvoir depuis un quart de siècle, a décidé en juillet de se présenter, à soixante-dix-sept ans, pour un cinquième mandat de six ans. Le quotidien gouvernemental Al-Ahram, au tirage de un million d'exemplaires, a publié un supplément avec, en photos, le président Moubarak présent sur tous les fronts, ne s'accordant qu'un court répit pour jouer au billard. Il a le privilège d'arborer le croissant de lune, symbole de l'islam, en signe de ralliement de sa campagne, et de le faire figurer sur les bulletins de vote que devront choisir les 32 millions d'électeurs, pour moitié illettrés. Sur les neuf candidats de partis autorisés à concourir, et parmi lesquels ne figurent ni indépendant, ni femme, ni chrétien copte, ne se distinguent que deux figures de la vie politique : Nomaane Gomaa et Ayman Nour. Gomaa, 70 ans, est le dirigeant du néo-Wafd, héritier du grand parti de la lutte pour l'indépendance et contre la tutelle britannique. Nour, 41 ans, patron du parti al-Ghad, est le chef de file des néo-libéraux mais il est sous le coup d'une procédure judiciaire pour falsification de papiers, une accusation qu'il considère être une manœuvre pour le disqualifier. Les marxistes du Tagammou et les nassériens ont, eux, refusé de présenter un candidat, ayant été pris à contre-pied par le néo-Wafd qui, changeant d'avis au dernier moment, a présenté Gomaa. L'inconnu, reste le jeu des Frères musulmans, officiellement interdits mais tolérés, considérés comme le principal courant d'opposition. Kefaya, organisateur de manifestations anti-Moubarak depuis un an et demi, a appelé à boycotter le scrutin, l'estimant non démocratique. Moubarak a refusé tout contrôle international du scrutin, estimant que son pays n'est pas sous le mandat de pays étrangers. La campagne s'est ouverte aussi alors que l'Egypte se retrouve confrontée à la multiplication d'attentats terroristes dans le Sinaï, une région hautement sensible parce qu'elle est frontalière de Gaza. D. B.