"J'avais à cœur d'offrir ce fruit ou plutôt l'avant-goût d'un premier jet d'encre qui soit non exhaustif de ce qui s'est déroulé durant ce chapitre premier de la protesta", a déclaré l'auteur lors d'une rencontre littéraire à la librairie Media Book de l'Enag. Plume-témoin, notre confrère Mahdi Boukhalfa a trempé sa plume dans l'encrier "chaud bouillon" du Hirak, où il a portraituré la marche d'un peuple vers un lendemain qu'il est en droit d'estimer meilleur que ce qu'il en pâtit à l'heure actuelle. "Atlas-empreinte" pour la postérité, le livre intitulé "La révolution du 22 février" (éd. Chihab 2019) de Mahdi Boukhalfa se veut l'image témoin mais aussi ce livre matériau pour l'historien, a t-on su de l'orateur qui a été ce mardi 18 novembre l'invité de l'agora du livre de la librairie Media Book de l'Enag. Loger ainsi au cœur palpitant d'une foule pétillante d'un trop-plein de slogans à conspuer à la face d'un pouvoir omnipotent, l'auteur de Mama Binette, naufragée en Barbarie (éd. du Net) a narré au jour le jour, l'inégalable échappée d'un peuple qui a brisé les chaînes de la peur et qui a, à cœur, d'aller au-devant d'un horizon extasié, voire béat, a déclaré le tribun en guise de présentation au sous-titre révélateur de son livre de bord : "De la contestation à la chute des Bouteflika". Et depuis le 22 février de l'an de grâce 2019, le conférencier n'a eu de cesse de "vendredire" jusqu'au vendredi "7", ce chiffre maléfique mais bénéfique pour le Hirak qui a fini par sonner le glas pour le président Abdelaziz Bouteflika. "Seulement, si au soir du 2 avril le président a renoncé au cinquième mandat, il a légué néanmoins l'ossature ainsi que le staff qui l'a hissé aux nues et les présidents des deux chambres du Parlement et du Conseil constitutionnel", a déclaré l'orateur qui a séché au buvard l'"acte I" ou plutôt la première œillade qu'il a posée sur l'inouï flot de masses : "J'avais à cœur d'offrir ce fruit ou plutôt l'avant-goût d'un premier jet d'encre qui soit non exhaustif de ce qui s'est déroulé durant ce chapitre premier de la protesta. L'optique du petit peuple est d'évacuer l'actuel système de régence honni, notamment ses hommes qui vivent d'expédients mafieux, de dilapidation des deniers publics et de bâtir un Etat moderne sur une assise de démocratie et d'alternance, eu égard à l'élite apte à gérer au mieux ce legs de Larbi Ben M'hidi et de ses compagnons de l'éternel Novembre qui ont fait l'Algérie", a déclaré l'intervenant. Mieux, ce jeune vétéran d'octobre 1988 a feuilleté sa mémoire jusqu'au seuil de Bordj Bou-Arréridj puis Jijel où il y a eu les prémisses qui ont concouru à l'éclosion du 22 février : "Est-ce le hasard ou une coïncidence de calendrier, il y a eu comme au 5 octobre 1988 cet appel émanant d'on ne sait d'où, pour un sit-in contre la hogra qui au final n'a pas eu lieu sur l'esplanade d'El Kettani à Bab-El-Oued", a déclaré le conférencier. D'où l'idée de l'orateur d'aiguiller l'historien sur les pas d'une foule désireuse de s'affranchir du joug de la dictature aux cris de "Djeich, châab khawa khawa" (l'armée et le peuple ne font qu'un) ou ce leitmotiv "Sylmiya, sylmiya" (pacifique) à l'adresse des caciques casseurs du Hirak. Donc autant élire l'œuvre La révolution du 22 février de Mahdi Boukhalfa au rang de livre de chevet. "L'œuvre mémorielle de cet enfant de la rue des Frères-Racim (ex-de Chameau) dans la Haute-Casbah, ambitionne de graver dans la postérité l'épopée des braves sevrés des manifestations de rue et désireux de s'émanciper pour aller au-devant et braver l'interdit", a ajouté le modérateur Abdelhakim Meziani. Pour conclure, la lecture de l'œuvre de Mahdi Boukhalfa est aisée puisqu'on y entend même le cœur de l'Algérie battre la chamade sous l'étendard du Hirak.
Nourreddine Louhal "La révolution du 22 février/De la contestation à la chute des Bouteflika" de Mahdi Boukhalfa, éditions Chihab, 164 pages, 1000 DA, 2019.