Les Béjaouis sont sortis en masse ce 40e vendredi du mouvement populaire pour réitérer leur opposition à la tenue de l'élection présidentielle du 12 décembre prochain. Il faut dire que neuf mois après le déclenchement de la révolution pacifique, la mobilisation citoyenne contre le pouvoir en place et sa énième mascarade électorale demeure intacte à Béjaïa. Pour preuve, hier encore, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont battu le pavé depuis le carrefour d'Aâmriw jusqu'à l'ancienne ville, en passant par le rond-point de Nacéria, le siège de la wilaya et le quartier d'El-Khemis. Tout au long de ce parcours habituel, les marcheurs n'ont cessé d'entonner des chants et autres slogans chers au hirak, à travers lesquels ils ont fustigé les partisans du scrutin présidentiel, tout en exigeant la libération de tous les détenus politiques et d'opinion, considérés comme des "otages" d'un régime finissant. "Nous, les descendants du colonel Amirouche, ne ferons jamais marche arrière. Nous réclamons la liberté", "Pas de vote, vous pouvez nous mettre les menottes", "Pas d'élection avec la bande maffieuse"... autant de slogans qui reviennent tel un leitmotiv dans la bouche de cette immense foule manifestement déterminée à bouder les urnes le 12 décembre prochain. Les cinq candidats à cette élection présidentielle n'ont pas échappé aux foudres des manifestants qui les présentent comme des "lièvres" dont la mission est de sauver le système. Ils ont aussi raillé la candidature de l'ancien Premier ministre de Bouteflika qui a dû annuler sa venue, prévue jeudi dernier. Mais la scène qui fait plus le buzz, ce sont ces deux jeunes hirakistes encagoulés qui portaient des rouleaux de cachir et des merguez (saucisses), allusion aux partisans de l'élection et aux membres des comités de soutien aux candidats en lice. Par ailleurs, les manifestants béjaouis s'en sont pris, comme d'habitude, au pouvoir "réel". "Le peuple veut l'indépendance", "l'Algérie libre et démocratique vivra", ont-ils clamé. Notons, enfin, que la procession humaine a également rappelé l'exigence de la libération de tous les détenus d'opinion, jetés en prison dans le sillage du mouvement populaire né le 22 février.