La chaleur suffocante qui s'est abattue ces derniers jours sur la Kabylie n'a pas empêché les Béjaouis de sortir massivement dans la rue, en ce 24e vendredi de mobilisation populaire, pour réitérer leur engagement et leur détermination à poursuivre leur combat pacifique jusqu'à la chute définitive du régime politique mis en place depuis l'indépendance du pays. Ce sont, en effet, des dizaines de milliers de personnes qui ont manifesté, hier après-midi, sous un soleil de plomb, à travers les artères principales de la ville des Hammadites. Le coup d'envoi de la manifestation a été donné, comme d'habitude, vers 13h30, depuis l'esplanade de la maison de la culture Taos-Amrouche, sous les cris de "Pouvoir assassin", "Ulac smah ulac" (Pas de pardon), "Mazalagh d-Imazighen" (Nous demeurons des Amazighs)… Outre l'étendard berbère qui flottait au vent, un groupe de manifestants a créé la surprise en déployant tout au long de la marche un long tifo constitué de 48 drapeaux aux couleurs nationales. Chacun de ces emblèmes porte le numéro d'immatriculation et le nom de chaque wilaya du pays. Une façon de dire aux tenants du pouvoir en place que le peuple algérien reste uni, expliquent les initiateurs de cette action singulière. En guise de réponse aux dernières déclarations du chef d'état-major de l'armée, Ahmed Gaïd Salah, qui veut imposer, coûte que coûte, une élection présidentielle, les manifestants béjaouis ont scandé à tue-tête : "Makanch intikhabat ya el-issabat" (pas d'élections avec les bandes). En outre, ils ont repris en chœur plusieurs autres slogans chers au mouvement populaire, tels que "Y en a marre des généraux", "Amenâach, amenâach, Gaïd Salah fel Harrach" (vivement l'incarcération de Gaïd Salah à El-Harrach), "Dawla madania, machi âaskaria" (pour un Etat civil et non militaire), "Djoumhouria machi caserna" (nous sommes dans une République et non dans une caserne). Notons que l'un des carrés des manifestants ayant pris la tête de la procession humaine a arboré une imposante banderole noire portant un tout nouveau mot d'ordre, à savoir "La désobéissance civile est la seule et unique solution". Par ailleurs, les Béjaouis n'ont pas omis de réclamer de nouveau la libération des prisonniers politiques et d'opinion en scandant : "Libérez les détenus" et "Tilelli i-maghnassen" (liberté pour les militants). Enfin, la foule a marqué une halte au rond-point de Nacéria pour observer une minute de silence à la mémoire de tous les martyrs de la démocratie, dont les victimes du Printemps noir de Kabylie.