La lettre adressée aux députés canadiens rappelle les actions de la contre-révolution prises par le pouvoir acculé par le tsunami du hirak depuis plus de neuf mois. Un mouvement populaire pacifique qui subit plusieurs tentatives de division, de manipulation et de restriction aux libertés d'expression et de réunion. La diaspora algérienne au Canada a lancé une pétition destinée à interpeller le Parlement canadien issu des dernières élections générales du 21 octobre. Portée par le député du Nouveau parti démocratique (NPD), Alexandre Boulerice, la lettre d'interpellation sur la situation des droits de la personne en Algérie met à nu le pouvoir algérien qui loue la démocratie, mais dont les actes et décisions sont à mille lieues des valeurs et des pratiques démocratiques. Contexte : le peuple algérien "manifeste depuis le 22 février 2019 son opposition à un système autoritaire militarisé", estime le texte dans son préambule, précisant que des millions d'Algériens manifestent pour réaffirmer leur volonté d'instaurer "un Etat de droit garant des libertés individuelles et collectives, de la justice sociale et de l'égalité entre les citoyens". La lettre adressée aux députés canadiens rappelle les actions de la contre-révolution prises par le pouvoir acculé par le tsunami du hirak depuis plus de neuf mois. Un mouvement populaire pacifique qui subit plusieurs tentatives de division, de manipulation et de restriction aux libertés d'expression et de réunion, déplorent les signataires du document. "Le régime militaro-sécuritaire exerce de la répression et multiplie, depuis le début de l'été, les arrestations arbitraires avec plus d'une centaine de mises en détention pour avoir brandi un drapeau amazigh (berbère) ou exprimé un slogan ou une opinion", souligne-t-on. Plusieurs de ces détenus sont incarcérés sans procès et d'autres sont condamnés à de lourdes sanctions, dénoncent encore les initiateurs de la pétition d'interpellation. "Nous prions la Chambre des communes de dénoncer fermement la politique de violation systématique des droits de la personne par le pouvoir algérien, de l'exhorter à mettre fin à ces arrestations arbitraires et de libérer les détenus d'opinion et les prisonniers politiques", conclut le document, qui peut être signé en ligne sur le site Internet de la Chambre des communes. La pétition reste ouverte pour une période de deux mois. Plusieurs personnes ont déjà signé la pétition dimanche à l'occasion de la manifestation dominicale de l'acte 40 de la révolution populaire à la place du Canada, au centre-ville de Montréal. Les slogans du hirak ont été scandés par une foule nombreuse qui rejette le scrutin présidentiel. Après la manifestation, le Forum des Algériens de Montréal a tenu son assemblée bimensuelle consacrée au rejet de l'élection présidentielle. Un autre appel à des Assises nationales de transition a été lancé pour le 5 décembre. Il est signé par plusieurs organisations et collectifs de la diaspora algérienne. Ces "Assises nationales de transition" se veulent un espace de débat inclusif portant sur "la définition d'un projet de société pour la nation tout entière, sur la base des revendications légitimes exprimées par le peuple algérien depuis le 22 février 2019, la mise en place d'une instance chargée de gérer la période de transition et la définition de la nature des missions confiées à l'Instance collégiale de transition et l'établissement de la feuille de route qui doit accompagner le processus transitionnel". Cette perspective des assises offre "une formidable opportunité de dialogue où chacun pourra exprimer sa vision (…) pour une meilleure justice sociale, une affirmation des droits et libertés et l'établissement d'un Etat de droit", précise Djamel Limane, enseignant à l'université de Nice.