Marquant le début d'une série d'actions de protestation initiée par le bâtonnat pour la période allant jusqu'au 12 décembre, des centaines d'avocats de la wilaya de Tizi Ouzou ont observé, hier matin à 10h30, un rassemblement devant la cour de justice. Les robes noires ont déployé aussi de larges banderoles sur lesquelles on pouvait lire "La volonté populaire est non négociable" et "Vous avez le tribunal d'Alger, nous avons le tribunal de l'Histoire". Les avocats ont poursuivi leur protestation en scandant des slogans rejetant l'élection présidentielle et appelant à la libération de tous les détenus d'opinion, à l'indépendance de la justice et à la séparation des pouvoirs. "Ulac l'vote Ulac", "Makanch intikhabat mâa l'îssabat", "Libérez les détenus", "Âadala moustakilla", "L'avocat s'engage, système dégage" étaient autant de slogans repris en chœur par les avocats, qui comptent encore revenir à la charge le 2 décembre prochain par un second rassemblement devant la cour. S'exprimant au cours de ce rassemblement, le bâtonnier, Me Salah Brahimi, a réaffirmé l'engagement des avocats qui demeureront toujours, a-t-il déclaré, "unis et solidaires avec le peuple algérien pour un changement radical de système et pour une période de transition". Abordant le volet de l'élection présidentielle, l'orateur s'est demandé : "Comment le peuple algérien peut-il accepter de voter avec des candidats qui sont des figures du système et qui sont là juste pour recycler ce même système ?" "Il s'agit d'une mascarade que nous refusons, et nous sommes tous unis pour revendiquer une république démocratique et une séparation du pouvoir législatif et judiciaire du pouvoir décisionnel", a-t-il poursuivi. Concernant les détenus d'opinion, Me Salah Brahimi a estimé que "la justice n'est pas indépendante, mais il y a cette obligation d'aller de l'avant pour exiger la libération de tous les détenus d'opinion, à leur tête un révolutionnaire très connu, Lakhdhar Bouregâa". "Nous allons même continuer le combat jusqu'à ce qu'on arrache la libération définitive de tout le peuple algérien et le départ de toutes les figures du système en place", a-t-il conclu. Dans le même sillage, l'avocat et militant des droits humains Me Hakim Saheb a indiqué que "les avocats sont contre l'injustice et l'arbitraire qui frappent de plein fouet les détenus d'opinion et politiques pris en otage par le pourvoir actuel et par une justice à double vitesse qui sert d'instrument répressif au lieu de s'autonomiser comme un pouvoir judiciaire capable de réguler la vie publique nationale". Pour rappel, l'Ordre des avocats, qui a appelé à un autre rassemblement le 2 décembre, compte également boycotter les audiences au niveau de toutes les juridictions de la cour de Tizi Ouzou les 10 et 11 décembre et organiser un rassemblement, suivi d'une marche, le 10 décembre, à l'occasion de la Journée internationale des droits de l'Homme.