Des instructions ont été données pour que le groupe puisse libérer la marchandise de sa filiale Brandt, bloquée au port, et faire rapatrier les équipements de l'usine de trituration de graines oléagineuses, emmagasinés dans les ports européens. L'horizon s'éclaircit pour le groupe Cevital. Certains de ses projets sont débloqués, d'autres en cours de dégel après plusieurs années de blocages pour le moins injustes et injustifiés. Preuve de l'importance du groupe d'Issad Rebrab pour l'économie algérienne et de l'enjeu de faire redémarrer le moteur de l'économie pour le gouvernement. "Nous avons été reçus une première fois par le Premier ministre qui nous a demandé de constituer les dossiers après avoir écouté nos doléances. Dans une seconde phase, nous avons tenu une réunion avec le Premier ministre à laquelle ont pris part d'autres ministres qui sont en charge des portefeuilles des Finances, de l'Industrie, du Commerce, des Transports, de l'Energie et du Travail. Nous avons eu à débattre de l'ensemble des blocages auxquels était confronté le groupe Cevital", a indiqué Omar Rebrab, dirigeant et actionnaire du groupe Cevital. C'est une première. Et c'est la première fois que des responsables de Cevital sont écoutés et reçus à un tel niveau de responsabilité. "Les multiples blocages auxquels était confronté le groupe Cevital affectaient en réalité toute l'économie du pays. L'entreprise a fait de la création d'emplois et de richesses en faveur de l'économie nationale son principal objectif. C'est l'ADN même du groupe", souligne Omar Rebrab, qui nous a reçus hier au siège social de Cevital, sis à Alger. Pour ce groupe, l'acte d'investir était semblable à un chemin semé d'embûches. Une digue a été élevée devant les principaux projets de Cevital, à savoir l'usine Brandt prévue à Sétif (3 500 emplois actuellement, 7 500 à terme), l'unité de trituration de graines oléagineuses de Béjaïa (1 000 emplois directs et 100 000 emplois indirects), Oxxo (2 000 emplois), le projet d'EvCon de production d'eau ultrapure prévu à Blida, dont l'équipement est toujours en souffrance au niveau du port sec de Boudouaou, un mégaprojet touristique prévu sur la côte de la wilaya de Béjaïa, créateur de plusieurs milliers d'emplois, le mégaprojet du hub portuaire de Cap Djinet, qui devait créer un million d'emplois directs et indirects, l'usine de rond à béton prévue à Oran et un important investissement dans les carrières qui devaient alimenter nombre de projets en matière première. La marchandise de Brandt libérée Avec le Premier ministre et les autres membres du gouvernement en charge des Finances, de l'Industrie, du Commerce, des Transports, de l'Energie et du Travail, les responsables du groupe Cevital ont discuté, entre autres, du projet Brandt, dont la marchandise, d'une valeur de 5 milliards de dinars, stockée dans 1 700 containers, était bloquée depuis 18 mois. "Le gouvernement a aussitôt donné ordre de débloquer la marchandise au moment où le groupe songeait à faire une compression d'effectif. L'entreprise est en train de reprendre, et son redémarrage nous permettra d'accélérer la cadence du recrutement et de l'intégration, actuellement entre 80 et 95%, la seule entreprise à pouvoir réaliser un tel taux d'intégration", explique Omar Rebrab. Une bonne nouvelle pour l'économie nationale, étant donné que la production de l'usine Brandt est destinée en grande partie à l'exportation. Notre interlocuteur dit avoir constaté également la levée des blocages sur l'investissement du groupe dans les carrières, "une semaine seulement après les promesses faites par le gouvernement". "Nous avons été approchés également par le ministère des Finances pour les précomptes de TVA, ainsi que pour la levée des blocages sur les livrets fonciers et les comptes devises. Nous pensons aujourd'hui que les choses vont évoluer dans le bon sens et gardons bon espoir au sujet de la levée des autres contraintes, dont les blocages dont souffre notre filiale EvCon", estime Omar Rebrab, nourrissant l'espoir que la justice puisse rétablir enfin Cevital dans ses droits. "Nous avons confiance en notre justice", dit-il quant au cas EvCon, en faisant le pari que ces déblocages permettront au groupe d'aller davantage de l'avant et à l'économie nationale d'en tirer profit, notamment en cette période de crise et de faible croissance. Il a été également question, selon lui, de mettre fin au parcours du combattant entrepris pour faire émerger l'usine de trituration des graines oléagineuses, prévue à Béjaïa. Après avoir reçu les responsables de Cevital, le wali de Béjaïa a pris l'engagement de débloquer la situation et de libérer le permis de construire. Le ministre des Transports s'est, en revanche, engagé à débloquer les équipements de l'usine, stockés depuis plusieurs mois dans des ports européens à coups de millions d'euros, à raison de 140 000 euros par mois. À l'issue de deux années de blocage, Cevital a dû débourser plus de 2 millions d'euros en frais d'emmagasinage au profit des ports de Marseille et d'Anvers. Voie libre pour l'usine de trituration de graines oléagineuses "Le Premier ministre a donné des instructions au ministre des Finances pour que ces contraintes soient enfin levées et nous pensons que les choses rentreront dans l'ordre dans les tout prochains jours", indiquent les responsables du groupe Cevital. L'usine de trituration des graines oléagineuses est l'histoire d'un bon projet à très haute valeur ajoutée, parce qu'à l'origine il y avait cette belle ambition de faire passer l'Algérie d'un statut d'importateur net de l'huile et de produits gras à celui de grand exportateur. Ce projet, qui a fait couler beaucoup d'encre, devait créer des milliers d'emplois directs et encore plus d'emplois, essentiellement dans l'agriculture. "Ce projet porté et financé entièrement par Cevital devra à coup sûr transformer nombre de secteurs d'activité, dont l'agriculture, et aider, par là même, à accélérer la diversification économique du pays", estime Omar Rebrab, qui croit dur comme fer que l'une des clés de sortie de crise réside dans le déblocage de tous les projets et de toutes les initiatives d'où qu'elles viennent. "Ce ne sont pas les idées qui manquent, mais plutôt la communication entre le monde de l'entreprise et celui de la décision. Mais lorsque les bonnes volontés se rencontrent, de gros pas peuvent être franchis", souligne Omar Rebrab. Autre projet débloqué, un investissement dans la filière ciment dans la wilaya de Constantine. Quant aux projets du groupe dans le domaine du tourisme, notre interlocuteur estime que le temps n'est pas encore venu pour que les responsables du groupe puissent exposer le dossier au gouvernement. Pour lui, "il faut donner de l'espoir aux Algériens et envoyer un signal positif aux investisseurs nationaux et étrangers". À la question de savoir si le dossier des machines d'EvCon, une technologie unique au monde, en souffrance depuis plusieurs mois dans le port sec de Boudouaou (Boumerdès), pourrait lui aussi être relancé prochainement, le responsable de Cevital a rappelé qu'il est au niveau de la justice et que les responsables du groupe "ont bon espoir que la justice rétablisse Cevital dans ses droits". "Nous espérons que le procès soit tenu rapidement pour mettre fin à une situation pénible dans laquelle se trouve actuellement le président du groupe. Avec le projet EvCon, Issad Rebrab a voulu faire de l'Algérie une terre de technologie", explique Omar Rebrab, qui croit dur comme fer que le déblocage des investissements de Cevital est un bon signal pour les investisseurs.