L'Algérie connaît une intensification de la répression des manifestants depuis le début de la campagne électorale pour la présidentielle, a déploré, jeudi, Amnesty International. "Les autorités algériennes ont intensifié leur répression des manifestations à l'approche de l'élection présidentielle, en menant des arrestations arbitraires, en dispersant par la force des manifestations pacifiques contre l'élection présidentielle, en poursuivant en justice et en emprisonnant des dizaines de militant(e)s pacifiques ces dernières semaines", a dénoncé l'ONG. "Depuis le lancement de la campagne présidentielle, les autorités algériennes ont intensifié leur offensive contre la liberté d'expression et de réunion, signalant ainsi leur tolérance très limitée envers les Algériens et les Algériennes appelant à un changement du système", a appuyé Heba Morayef, directrice pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord d'AI. Celle-ci a fait part du placement en détention de 300 personnes lors de vagues d'arrestations menées par les autorités entre le 17 et le 24 novembre, en citant des avocats spécialistes des droits humains et la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (Laddh). L'ONG a recensé, en outre, au moins trois cas de détenus ayant été victimes de mauvais traitements en détention (Chems Eddine Brahim Laâlami, Sofiane Babaci et Younès Redjal). Elle a également pointé du doigt la condamnation de pas moins de 28 manifestants pacifiques "uniquement pour avoir porté le drapeau amazigh ou pour avoir eu ce drapeau en leur possession". "Le recours à des peines de prison pour sanctionner des manifestants pour la simple possession d'un drapeau est scandaleux et bafoue les obligations de l'Algérie au titre du droit international relatif aux droits humains. Ces lourdes peines sont le reflet inquiétant de l'intolérance des autorités algériennes envers la dissidence pacifique", s'est élevée Mme Heba Morayef. Et d'exiger que "les autorités algériennes libèrent immédiatement et sans condition toutes les personnes détenues pour avoir exercé pacifiquement leurs droits aux libertés de réunion et d'expression." Pour elle, "exprimer son opposition à l'élection présidentielle prévue en Algérie ou critiquer les autorités n'est pas un crime" et plutôt que de s'en prendre aux manifestants pacifiques s'opposant au prochain scrutin, les autorités algériennes "doivent garantir le droit de la population algérienne de manifester pacifiquement et de s'exprimer librement". Autre grief retenu par Amnesty International contre les autorités algériennes : l'intensification des manœuvres de harcèlement des journalistes, en précisant que pas moins de cinq journalistes ont été arrêtés depuis le 28 novembre à Alger. "Personne ne devrait être harcelé, intimidé ou arrêté pour avoir couvert des manifestations ou critiqué les candidats à l'élection présidentielle", a asséné Hassina Oussedik, directrice d'Amnesty International Algérie.