Les normes d'efficacité énergétique relatives aux équipements électroménagers représentent une pièce du puzzle dans l'ensemble des instruments devant permettre de réduire la consommation d'électricité dans le pays. En Algérie, un ménage consomme en moyenne 3 000 kilowattheures (kWh) par an. L'Agence nationale pour la promotion et la rationalisation de l'utilisation de l'énergie (Aprue) estime que si on arrive à mettre en place les outils nécessaires, on pourra ramener ce chiffre à un niveau plus réaliste, autour de 2 000 kWh. Un objectif atteignable ? Des panélistes participant à un séminaire sur l'efficacité énergétique des équipements électroménagers, organisé hier à Alger, se sont montrés pessimistes, en plaçant le curseur sur le manque de réglementation plus stricte en matière d'efficacité énergétique. La loi actuelle relative à la maîtrise de l'énergie prévoit, dans une de ses dispositions, le contrôle d'efficacité énergétique qui permet de constater et de certifier la conformité aux normes relatives au rendement énergétique des équipements, matériels et appareils. Ce contrôle, précise ce texte législatif, est assuré par des organismes et/ou des laboratoires compétents, chargés de la certification et de l'homologation et agréés par les ministères concernés. Sauf que le contrôle de l'efficacité énergétique n'est pas aussi strict qu'il devrait l'être à cet égard. Mustapha Zebdi, président de l'Association algérienne de protection et d'orientation du consommateur et son environnement (Apoce), présent à cette rencontre, a donné un chiffre illustrant l'ampleur de la tâche qui reste à accomplir, soulignant ainsi que 80% de l'étiquetage apposé sur les appareils électroménagers ne sont pas conformes aux normes d'efficacité énergétique. Le contrôle est ainsi moins strict, alors qu'il est primordial pour crédibiliser le programme de l'efficacité énergétique, fait remarquer Mohamed Salah Bouzriba, directeur général de l'Aprue. Celui-ci ajoute qu'il est nécessaire de faire avancer rapidement les choses, en mettant en place des instruments plus efficaces en amont et en aval, en y associant tous les acteurs concernés et en mettant à jour la réglementation sur l'efficacité énergétique. On ne peut pas, a-t-il dit, conduire un programme d'efficacité énergétique, centralisé et efficace, sans la concertation des producteurs et sans sensibiliser encore plus les ménages lorsqu'ils achètent des équipements tels que les climatiseurs qui consomment excessivement de l'énergie. Avec une croissance annuelle de 30%, le taux d'équipement en climatisation des ménages devrait atteindre 85% en Algérie à l'horizon 2030. En Algérie, le parc de climatiseurs exerce de fortes pressions sur la consommation de l'énergie électrique. Romain Riollet, chef de projet à l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), un établissement français, participant à ce séminaire, a indiqué, lui, qu'il faut agir sur plusieurs fronts aujourd'hui, avec le plus d'efficacité possible. Et de recommander de réduire la climatisation à chaque fois que cela est possible. Cela procurera, dit-il, des gains d'efficacité énergétique. Le ministre de l'Energie, Mohamed Arkab, a indiqué, à l'occasion de ce séminaire, que l'utilisation des appareils de climatisation, qui était moindre les années précédentes, est devenue aujourd'hui une habitude généralisée dans la société algérienne. Il en résulte, a-t-il expliqué, une consommation électrique de plus en plus élevée, marquée par un pic de plus de 15 000 mégawatts en juillet et août 2019.