La mobilisation contre la présidentielle va crescendo à Bouira. Hier, des dizaines de milliers de citoyens, d'étudiants et d'avocats ont battu le pavé pour exprimer leur rejet de l'élection. En effet, trois marches distinctes ont été organisées par les citoyens, les étudiants et les habitants de la commune d'Ath Laâziz. Ces trois cortèges se sont rassemblés devant l'université, pour donner le coup d'envoi de ce qui allait être une marche grandiose. Ils ont encore une fois exhorté les tenants du pouvoir à "écouter le peuple et à se plier à ses revendications". Bahmed Brahim, enseignant de tamazight à l'université, a expliqué les raisons de ce rejet. "Pour que les choses soient bien claires : le peuple n'est pas contre une présidentielle, mais contre une élection organisée par ceux qui ont pillé le pays", a-t-il précisé. Pour d'autres manifestants, le pouvoir en place peut "désigner" n'importe quel président mais, selon les protestataires, il ne peut lui conférer une légitimité. "Toute cette mascarade électorale n'a qu'un seul but : désigner un président de façade qui sera au service du système", affirme Aziz, un des leaders du mouvement populaire à l'échelle locale. Au cours de la marche d'hier, le verdict du procès d'Ahmed Ouyahia, de Sellal et d'autres hommes d'affaires est tombé. Les protestataires ont exprimé leur déception quant à ce verdict, qu'ils ont jugé clément. "Quinze ans de prison pour un homme qui a volé, méprisé et condamné son peuple à la pauvreté, c'est très peu", ont déploré certains manifestants. Les médias, notamment l'ENTV et la plupart des chaînes de télévision privées, ont été également dénigrés par les protestataires qui leur reprochent le fait d'être "aveugles" face à la révolte populaire.