Le rendez-vous du 12 décembre n'est, estiment les signataires de l'appel, qu'"une étape parmi d'autres que le hirak traversera avec succès". Ils exhortent les Algériens à préserver leur "épopée rassembleuse" et tiennent le pouvoir pour "responsable de tout éventuel dérapage dans les jours à venir". Face à la montée des tensions à la veille de l'élection présidentielle qui se tiendra demain jeudi, 19 personnalités de poids, dont Ali Yahia Abdenour, Ahmed Taleb Ibrahimi, Ahmed Benbitour, Abdelaziz Rahabi, Mustapha Bouchachi, Nacer Djabi, ont lancé, hier, un appel à la retenue au pouvoir, mais aussi au hirak auquel elles ont renouvelé leur "soutien plein et entier" jusqu'à "la concrétisation de toutes ses légitimes revendications". "Nous appelons les tenants du pouvoir à renoncer aux discours provocateurs, à l'usage du langage de la menace et à cesser d'accuser de trahison tout citoyen porteur d'une opinion contraire à celle du pouvoir, dans la recherche d'une sortie de crise. Nous le rendrons responsable de tout dérapage éventuel dans les jours à venir", ont averti les signataires de l'appel. Les militants du hirak, eux, sont invités à "faire preuve d'un haut niveau de retenue pour préserver la communion dans cette épopée rassembleuse par son pacifisme et son prestige large et avéré" qui doit "rester le symbole de l'unité et de la résistance face à toute forme de division, de falsification et aux tentatives de semer les germes de la fitna et de la haine entre les enfants du même peuple". Ils ont aussi exhorté à "ne pas empêcher l'exercice par d'autres citoyens de leur droit à s'exprimer librement malgré les divergences d'approche et des positions politiques" car "le devoir de tout un chacun implique d'éviter tout dépassement et de ne pas répondre aux provocations d'où qu'elles viennent". Le constat des 19 personnalités est que "de larges couches du peuple algérien continuent de refuser le déroulement d'élections dans les circonstances actuelles marquées par de vives tensions". "Les grandioses marches hebdomadaires des mardis et vendredis en sont la démonstration, tout comme elles portent de façon réitérée des messages contre la monopolisation du pouvoir et l'autoritarisme imposés à la vie politique", ont elles estimé, non sans jeter la pierre aux autorités en critiquant vertement leur démarche "marquée par la fermeture d'espaces de libre expression, les entraves à l'exercice des libertés, l'arrestation et l'incarcération d'activistes politiques et de manifestants pacifiques, la dénaturation des réalités et des évidences". Les 19 personnalités ont tenu à rappeler leur initiative lancée le 15 octobre 2019 pour une "solution politique consensuelle" qui, ont-elles recommandé, passe impérativement par "des mesures d'apaisement de nature à favoriser un dialogue national, sérieux et global, afin d'aboutir à un consensus de nature à mettre fin à l'ère des désignations et des cooptations" mais qui, ont-elles regretté, "n'a pas trouvé écho auprès des tenants du pouvoir". En outre, Abdenour Ali Yahia et ses amis ont souligné avoir "œuvré et milité pour que les élections présidentielles constituent un espace rassembleur et la base de départ pour la construction d'une nouvelle vie politique qui consolidera l'unité nationale, rempart contre toute forme d'immixtion étrangère" qui est, à leur yeux, "l'esprit même de cette révolution populaire pacifique" en dépit des "tentatives de son dénigrement par des déclarations irresponsables de certains hauts représentants de l'Etat" qui n'ont fait qu'accentuer "le climat de polarisation qui règne à travers le pays".