Aussitôt les résultats officiels de l'élection présidentielle proclamés que des milliers de citoyens de la wilaya de Bouira ont pris d'assaut la place des Martyrs de la ville afin de donner le coup d'envoi du 43e acte de la mobilisation citoyenne contre le système et le premier de la période post-élection. Le nouveau président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a été, comme il fallait s'y attendre, conspué par les milliers de manifestants d'hier. D'ailleurs, l'un des slogans phare de ce 43e vendredi de protestation était "Ma votina, ma âandna président" (On n'a pas voté et on n'a pas élu de président). Déjà, des slogans hostiles au nouveau chef de l'Etat, tels que "Tebboune dégage", "Tebboune marionnette du système", ont été scandés. Les manifestants estiment que le vote n'a pas eu lieu et, selon leurs dires, le nouveau président de la République n'a aucune légitimité. La mobilisation d'hier était d'une ampleur exceptionnelle. Preuve en est, le premier carré des marcheurs se trouvait au niveau du rond-point dit de Cevital, alors que le dernier était encore "coincé" dans les rues étroites de la cité de Draâ El-Bordj. Une scène reflète à elle seule l'attachement de la population au cachet pacifique de la mobilisation populaire : quelques minutes après le début de la marche, un groupe de jeunes surexcités et qui voulaient en découdre avec les forces de l'ordre, a tenté de pénétrer au commissariat central. Ces jeunes ont été très vite chassés par les manifestants et sévèrement réprimandés par les organisateurs. Par la suite, plusieurs dizaines de manifestants ont formé un cordon de sécurité tout autour de cet édifice afin de parer à tout dérapage. "Notre révolution est pacifique et elle le restera jusqu'à son aboutissement", martèlera un protestataire.