À moins de trouver une meilleure manière de gérer ce secteur et de lui donner une réelle impulsion, la situation ne peut qu'empirer à mesure que les volumes de production baissent. n 2020 ne sera pas une année tranquille, de césure, mais de "ça passe ou ça casse" dans le secteur des hydrocarbures. Deux scénarios sont possibles : soit le secteur retrouve son sentier de croissance antérieure à la chute de la production intervenue avant 2005, scénario dont la réalisation nécessiterait plus d'efforts en matière d'exploration et une nouvelle politique pétrolière visant le court, le moyen et le long termes ; soit il risque encore de subir les répercussions de la crise pétrolière et de la détérioration du climat des affaires dans le pays. Pour Ali Kefaïfi, expert en énergie, cette nouvelle politique doit préconiser "une meilleure gouvernance, une révision du modèle de consommation énergétique et des subventions, une réorganisation profonde de Sonatrach, une implication plus forte du secteur privé algérien dans la fourniture de services énergétiques et dans la recherche-production, un développement plus poussé de la pétrochimie, une utilisation des méthodes de récupération tertiaire à Hassi Messaoud et Rhourde El-Baghel, et un report de dix ans du projet gaz de schiste". À moins de trouver une meilleure manière de gérer ce secteur et de lui donner une réelle impulsion, la situation ne peut qu'empirer à mesure que les volumes de production baissent. L'expert prédit que le déclin de la production qui "va aller en s'accélérant, soit environ -4%/an et la réduction probable des prix du pétrole (60 à 62 dollars le baril en 2020) accroîtront les déficits en matière de budget, de balance des paiements… dont souffre le pays". Mourad Preure, expert pétrolier international, se dit lui "optimiste", rappelant que nous vivons aujourd'hui une "guerre économique dont le théâtre est la globalisation. Et que la scène énergétique mondiale en est un des fronts". Et d'expliquer : "Mais le cœur de cette guerre économique est le savoir, l'innovation, la technologie. La puissance des Etats pétroliers ne réside plus dans le niveau de leurs réserves et de leurs productions mais dans celle de leur compagnie pétrolière. Dans l'univers hautement compétitif de la globalisation, la puissance des Etats repose sur celle de leurs firmes, elles-mêmes articulées à l'université et à la recherche." "Nous devons, ajoute-t-il, postuler pour une insertion active par notre compagnie nationale et non pour une insertion passive par nos exportations, viser à être un acteur des transformations en cours." Cela est possible et jouable ? Mourad Preure l'affirme : "Nous en avons et l'expertise et la légitimité." Mesurant le progrès accompli dans cette industrie, il relève que "les compagnies pétrolières font leur mue et tendent à devenir des compagnies énergétiques, fournissant «from well to wheel», du puits à la roue, indifféremment carburants, molécules de gaz et kilowattheures. Et qu'elles tendent à prendre le train de la transition énergétique, en s'investissant dans les renouvelables, pour en gagner le leadership". Et de poursuivre : "Le niveau de nos réserves, 0,9% des réserves pétrolières mondiales et 2,5% des réserves gazières mondiales, ne nous permet pas d'autres choix, alors que nous avons une expérience et une compagnie en mesure de nous inscrire dans une trajectoire d'expansion robuste et durable, tirant avantage du dynamisme de la scène énergétique." "Dans cette perspective, dit-il, tous les stratèges le savent, un challenger a plus de chances de progresser qu'un leader pour autant qu'il en ait l'ambition et la passion pour le devenir."