Fidèle serviteur du système en place depuis les années 70, Abdelkader Bensalah ne s'est jamais départi de cette règle, acceptant toutes les missions qui lui ont été confiées par les pouvoirs successifs. À quelques mois de ses 78 ans, lourdement éprouvé par la maladie, Abdelkader Bensalah n'a pas souhaité reprendre son mandat à la tête du Conseil de la nation, à deux ans de l'expiration de son mandat à la tête de la deuxième Chambre du Parlement. Fidèle à sa réputation de "haut responsable discipliné", il a tenu à informer, en premier, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, de sa décision en date du 29 décembre dernier. Dans un communiqué de la Présidence rendu public hier, via l'APS, le chef de l'Etat s'est montré très sensible à ce geste. "En vous remerciant de m'informer en premier de votre décision, je tiens à vous réitérer ma profonde gratitude et la reconnaissance de la patrie pour votre dévouement et votre abnégation au service de l'institution parlementaire, de l'Etat algérien et du peuple. L'histoire retiendra incontestablement que vous n'avez eu de cesse d'être l'homme de la situation à chaque fois que le pays a fait appel à vous", peut-on lire dans la lettre de remerciements d'Abdelmadjid Tebboune adressée à Bensalah. En tant que deuxième personnage de l'Etat, Abdelkader Bensalah avait, en effet, accédé à la magistrature suprême en avril dernier, en vertu de l'article 102 de la Constitution actionné par le Conseil constitutionnel, puis par le Parlement réuni le 9 avril en ses deux Chambres au Palais des nations à Club-des-Pins. Après la démission de Bouteflika, ladite disposition de la loi préconise, en effet, l'occupation de ce poste pour un intérim de 90 jours par le président du Conseil de la nation. Il a, néanmoins, assuré cette fonction, jusqu'à la prestation de serment d'Abdelmadjid Tebboune le 19 décembre dernier, alors qu'il luttait, depuis déjà plus d'une année, contre un cancer qui réduisait considérablement ses capacités à accomplir convenablement cette mission. Né à Tlemcen, Bensalah a constamment évolué dans les rouages de l'Etat. Elu député de sa circonscription natale de 1977 à 1989, il a aussi été ambassadeur d'Algérie en Arabie saoudite de 1989 à 1993, puis devient porte-parole de la Conférence de dialogue national initié par le Haut comité de l'Etat. Dans le prolongement des recommandations de celle-ci, il a assuré la présidence du Conseil national de la transition (CNT) et sera par la suite conforté au perchoir de la première Assemblée nationale pluraliste en 1997. Membre fondateur du Rassemblement national démocratique (RND), ce sénateur désigné en 2002 dans le quota des sièges réservés aux personnalités choisies par le président de la République est propulsé naturellement à la présidence du Conseil de la nation en remplacement de Mohamed Cherif Messaâdia. Il sera systématiquement reconduit, à chaque renouvellement par moitié de la composante du Sénat, tous les trois ans, par ses pairs à cette haute fonction jusqu'à son intérim à la tête de l'Etat qui aura duré finalement 9 mois.