Fouad Sakhri n'avait pas, semble-t-il, la procuration nécessaire de la part du président du conseil d'administration pour signer des documents pour les résiliations de contrat et de transfert. Les révélations de Liberté au sujet des résiliations suspectes des contrats des deux défenseurs Farouk Chafaï et Ayoub Azzi, partis respectivement vers les deux clubs de Damac (Arabie Saoudite) et Umm Salal (Emirats arabes unis), continuent de faire polémique au sein de la direction du MC Alger. En effet, au-delà de l'aspect financier, dans la mesure où Chafaï a été cédé gratuitement et que Azzi a été transféré pour des broutilles, il est surtout reproché, selon une source digne de foi, au directeur sportif du MCA, Fouad Sakhri, d'avoir signé les deux séparations à l'amiable sans être fondé de pouvoir pour le faire. En fait, le président du conseil d'administration, Achour Betrouni, seul habilité réglementairement à signer ce genre de documents, selon la décision paraphée par la société SSPA le Doyen, n'a pas produit de procuration dans ce sens au profit de Sakhri. Ce dernier était, certes, détenteur d'une procuration signée par l'ancien président du CA, Baghdad Hirèche, le 17 juillet 2019, mais elle portait une précision de taille : "Ce pouvoir est valable uniquement pour les recrutements du mercato d'été de la saison sportive 2019-2020 qui prend effet à compter du 17 juillet 2019 jusqu'au 30 août 2019." Autrement dit, pour le mercato d'hiver qui a commencé le 19 décembre 2019, Sakhri devait réclamer une nouvelle demande de procuration, faute de quoi, ses décisions sont frappées de nullité. Pour l'heure, le président du CA du MCA, Achour Betrouni, n'a pas manifesté publiquement son désaccord et son opposition. Sans doute pour ne pas perturber l'équipe à la veille d'un important rendez-vous en championnat, prévu aujourd'hui contre l'ESS, décisif pour le titre honorifique de champion d'hiver. Cependant, selon notre source, il aurait saisi la direction de Sonatrach à ce sujet et affiché son mécontentement. Il aurait même décidé de faire opposition au transfert de Azzi à Umm Salal. Fouad Sakhri a-t-il donc outrepassé ses prérogatives ? Pour revenir au transfert de Azzi, notre source affirme que ce joueur a racheté sa lettre de libération pour la somme de 500 millions de centimes. Un montant qui n'a pas été mentionné dans le document portant séparation à l'amiable signée entre les deux parties et dont Liberté détient une copie. Le MCA aurait également bénéficié d'une indemnité de transfert du club qatari, qualifiée de "dérisoire", bien en deçà de la valeur marchande de Azzi. Ce dernier a été donc bradé. Cette attitude conciliatrice de Sakhri aurait d'ailleurs poussé d'autres joueurs à réclamer leur séparation à l'amiable, à l'image de Djabou, Derrardja, Bourdim et autre Bendebka. Les observateurs sont en droit en tout cas de s'interroger sur ce genre de pratiques suspectes dans un club aussi prestigieux que le MCA, sans que la direction de Sonatrach lève le petit doigt. Cela s'appelle un abus d'autorité et dilapidation de biens sociaux de la société SSPA-MCA. Comment peut-on raisonnablement accepter de signer un tel contrat qui ne défend que les intérêts d'une seule partie ? Dans le jargon économique, cela s'appelle un contrat léonin, c'est-à-dire qu'il n'arrange qu'une seule partie, cette dernière, en l'occurrence Chafaï (et également Azzi visiblement) se réservant des avantages supérieurs au MCA. Dans l'une de nos dernières livraisons, nous révélions qu'à cause de ce genre de pratiques, le MCA se retrouve avec un déficit de 150 milliards de centimes et une masse salariale de 80 milliards, soit 85% du budget du club. La société mère Sonatrach, qui a entre ses mains deux audits accablants sur la gestion de l'équipe du football, le premier daté de 2013 et le second de fin 2019, n'a toujours pas pris les mesures qui s'imposent et encore moins transmis les dossiers à la justice.