Le président Michel Aoun a affirmé hier que "de nouveaux obstacles" avaient empêché la formation du gouvernement dont la naissance avait été prévue pourtant la semaine dernière. Près de trois mois après le début du mouvement de contestation populaire inédit, la crise politique demeure entière au Liban, alors que la situation économique connaît une dégradation des plus menaçantes. La rue, elle, ne désemplit pas. Par milliers, les manifestants maintiennent leur mouvement de colère et promettent un durcissement de la contestation. Depuis hier, les protestataires ont lancé ce qu'ils appellent par la "semaine de la colère", une action visant à lancer un ultimatum de 48 heures à la classe dirigeante afin de former un gouvernement de compétences, exclusivement formé de technocrates. Cette action a drainé dès l'aube des centaines de personnes dans les rues de la capitale Beyrouth et dans d'autres régions du pays. Plusieurs axes routiers ont été également fermés paralysant ainsi la circulation automobile, alors que nombre d'universités ont fermé leurs portes. Ciblées depuis quelques semaines par les manifestants, les banques et les places financières ont dû fermer leurs portes aussi sous la pression des manifestants en colère contre les mesures restrictives imposées par les banques. Selon des médias locaux, les mêmes scènes se sont déroulées un peu partout dans le pays où les manifestants ont eu recours au blocage des routes comme à Tripoli, au Liban-Nord, à Tir ou à Saïda. Le journal en ligne L'Orient-le Jour a rapporté en outre que des échauffourées ont eu lieu à Bohsa entre des manifestants et des soldats lorsque ces derniers ont tenté de rouvrir la route. Au moins un soldat a été blessé, selon le même média citant des témoins. La relance du mouvement de protestation s'est accompagnée par le renforcement des mesures de sécurité par l'armée libanaise qui craint des débordements. Une relance qui intervient en outre à un moment où le fossé semble se creuser davantage entre le Premier ministre désigné, Hassane Diab, rejeté par la rue, et les parties mêmes qui ont appuyé sa nomination il y a une vingtaine de jours, notamment le président de la Chambre, Nabih Berry, et le Courant patriotique libre, fondé par le président Michel Aoun. Depuis presque trois mois, les manifestants libanais appellent à la chute de tous les responsables, accusés de corruption et d'incompétence. Annoncée plusieurs fois imminente, la formation d'un gouvernement traîne encore. Pis, aucun signe pour le moment ne montre que le Liban se dotera d'un cabinet dans les jours, voire dans les semaines qui viennent. Ultime preuve de cette incertitude, le président Michel Aoun a lui-même avoué une situation de blocage quasi historique au niveau politique. Dans une allocution hier, le président libanais a affirmé que "de nouveaux obstacles" avaient empêché la formation du gouvernement dont la naissance avait été prévue pourtant la semaine dernière. Michel Aoun a dénoncé en outre des "tentatives de récupération" du mouvement de contestation que connaît le Liban depuis le 17 octobre 2019.