"S'il y a aggravation de la situation, d'autres mesures préventives seront prises. Le dispositif mis en place au niveau des aéroports sera renforcé. D'autres équipes médicales y seront mobilisées", assure le directeur général de la prévention. La menace de l'épidémie du coronavirus désormais identifié dans quatre continents est, visiblement, prise très au sérieux par les autorités sanitaires algériennes. Le ministère de la Santé a ainsi élargi son cordon sanitaire préventif, mis au point par le Comité national d'experts de lutte contre la grippe. L'épidémie respiratoire, qui a déjà fait 56 victimes en Chine, s'accélère. Le virus, apparu il y a quatre semaines dans la ville chinoise de Wuhan, a atteint l'Europe, l'Australie, l'Amérique (Etats-Unis et Canada), le Moyen-Orient (Arabie saoudite), ainsi que de nombreux pays asiatiques. "Les services extérieurs du ministère de la Santé ont été instruits dans les délais pour renforcer les mesures de prévention et de surveillance au niveau des points d'entrée au pays. Les structures sanitaires ont ainsi été alertées sur les signes évocateurs de cette maladie virale pour prendre en charge des cas, dès leur apparition", a affirmé, hier, Djamel Fourar, directeur général de la prévention, qui a animé un point de presse au siège du département ministériel. Le dispositif de veille consiste d'abord à renforcer le contrôle au niveau des points d'entrée en Algérie. "Des équipes médicales permanentes ont été dépêchées au niveau du port et de l'aéroport international d'Alger pour ausculter les voyageurs et les isoler au cas où ils seraient soupçonnés d'être porteurs du virus", a expliqué le conférencier. Il faut savoir à ce titre que l'aéroport d'Alger est doté, depuis jeudi dernier, de caméras thermiques, pour prévenir l'arrivée de personnes suspectes porteuses du coronavirus. Ces appareils aident à détecter des personnes ayant notamment une température élevée. "Nos équipes médicales mobilisées à l'aéroport d'Alger ont d'ailleurs accueilli vendredi les 211 passagers en provenance de Pékin à bord du vol d'Air Algérie. Les voyageurs ont été soumis au contrôle de la caméra thermique. Aucun cas suspect n'a été signalé." Cette mesure de contrôle des passagers concerne aussi d'autres vols en provenance de Dubaï, de Doha et d'Istanbul, ainsi que d'autres capitales qui ont détecté des cas. "Même les aéroports de Constantine et d'Oran, équipés de ces caméras, sont également concernés par cette mesure", ajoutera Djamel Fourar, avant de rappeler que l'Organisation mondiale de la santé n'a pas encore décrété "l'état d'urgence sanitaire de portée internationale". Abordant les risques qu'encourent les futurs hadjis qui partiront pour le pèlerinage en Arabie saoudite où un cas de coronavirus a été enregistré, le représentant du ministère de la Santé précisera que "s'il y a aggravation de la situation, d'autres mesures préventives seront prises. Le dispositif mis en place aux aéroports sera renforcé. D'autres équipes médicales y seront mobilisées". Interrogé sur le rapatriement des étudiants algériens installés dans la ville chinoise de Wuhan, foyer principal de la pandémie, M. Fourar annoncera que "le dossier des étudiants algériens en Chine sera abordé avec les services compétents des ministères des Affaires étrangères et de l'Enseignement supérieur". Néanmoins, l'animateur de la conférence de presse recommande aux hommes d'affaires et autres Algériens de reporter leur voyage prévu en Chine. "Il vaut mieux reporter son voyage en Chine sauf nécessité", tranche-t-il. Pour sa part, le responsable du laboratoire d'études du virus respiratoire à l'Institut Pasteur Algérie, Fawzi Derar, est intervenu pour expliquer les caractéristiques et l'origine de ce nouveau virus qui cause la pneumonie. "Jusqu'à présent, ce virus, qui fait partie de la famille des coronavirus, n'est pas classifié. Il faut savoir que les symptômes de cette pneumonie sont similaires à ceux de la grippe saisonnière. À défaut de vaccin, la prévention reste l'unique thérapie pour enrayer cette maladie." Il faut savoir, enfin, que les services compétents du ministère de la Santé ont enregistré, depuis le début de la saison hivernale, pas moins de 27 cas de grippe saisonnière compliqués, dont deux décès.