Des dizaines de militants, d'ex-détenus et des citoyens solidaires, rejoints par des avocats, ont organisé un rassemblement de soutien aux quatre hirakistes, à la rue de la Liberté qui longe l'arrière-façade du Palais de justice. Consternation hier au tribunal de Sidi M'hamed. Les quatre manifestants, arrêtés vendredi à la marche d'Alger et présentés dimanche matin devant le procureur de la République — dont l'ex-détenu en liberté provisoire Nabil Alloune et le militant du RCD à Paris Ilyas Lahouazi —, ont été déférés devant le juge d'instruction, a informé Me Yamina Allili. Le magistrat a placé, vers 15h, Khallil Noureddine sous contrôle judiciaire. En quinze minutes, la même décision est prise pour Nabil Alloune, ainsi que pour Ilyas Lahouazi et Ferhani Mohamed El-Hadi. Ils ont retrouvé, presque instantanément, leur liberté. À leur sortie du tribunal, ils ont été accueillis par leurs camarades et des compatriotes mobilisés depuis la matinée à l'appel du Comité national pour la libération des détenus (CNLD), lancé la veille. Des dizaines de militants, d'ex-détenus d'opinion (Hakim Addad, Djallal Mokrani, Ahcène Kadi, Messaoud Leftissi, Samira Messouci…) et des citoyens solidaires, rejoints par des avocats, ont organisé un rassemblement de soutien aux quatre hirakistes, à la rue de la Liberté qui longe l'arrière-façade du Palais de justice. Infatigables, ils n'ont eu de cesse de crier haut et fort pour faire parvenir les échos de la mobilisation jusqu'au bureau du magistrat en charge des dossiers du jour. "Khallouni khallouni, neddekhlou el-habs zkara, had dawla haggara" (Nous n'avons cure d'être mis en prison, cet Etat est despotique), "Libérez les otages, sans chantage", "Relaxe pour tous les détenus, ils n'ont pas vendu de la cocaïne". Les magistrats, qui continuent à condamner des Algériens pour leur investissement dans le mouvement citoyen ou leurs opinions, sont sévèrement fustigés par les protestataires. "Adalet ettilifoun, el-kadi wella farâawn" (Justice du téléphone, le juge est devenu un pharaon), suivi d'un retentissant : "Libérez la justice". Aux slogans de circonstance se sont greffés ceux scandés lors des grandes manifestations des vendredis : "Ecoutez-nous, Abane (Ramdane, ndlr) a laissé un commandement, Etat civil et non militaire", "Nous n'abdiquerons pas", "Djazaïr hourra democratiya", (Algérie libre et démocratique). Les portraits de Nabil, Ilyas, Khallil et d'autres ont été brandis.