Un rassemblement de soutien aux hirakistes interpellés vendredi est prévu ce matin au tribunal de Sidi M'hamed. La marche du vendredi épisode 49 du mouvement populaire a charrié son lot d'arrestations parmi les manifestants. À Alger, des policiers en civil et en uniforme ont procédé à plusieurs interpellations. Deux opérations ont été particulièrement retentissantes. À l'arrivée de la procession des marcheurs de Bab El-Oued-Casbah à la rue Asselah-Hocine, quatre manifestants ont été exfiltrés et conduits au commissariat Cavaignac. Des centaines d'insurgés ont alors fait le siège devant l'unité de la Sûreté nationale pendant presque une heure, exigeant la libération immédiate de leurs concitoyens. "Libérez les détenus. Nous ne partirons pas sans eux", n'ont eu de cesse de scander, en y greffant de temps à autre d'autres slogans phare de la révolution. Sous la pression de la rue, la police a relâché les jeunes gens arrêtés. Quasiment au même moment, à quelques encablures de la place Audin, des policiers en uniforme ont tenté de s'emparer de deux manifestants dans le cortège du RCD. Les cibles étaient bien identifiées : Billal Bacha, ex-détenu de l'emblème amazigh libéré le 23 décembre dernier après avoir purgé une peine d'emprisonnement de six mois, et Ilyas Lahouazi, hirakiste actif dans la diaspora arrivé le jour même de Paris pour participer aux assises du PAD (Pacte de l'alternative démocratique). Les militants et l'encadrement du RCD (président, députés et membres du secrétariat du parti) se sont échinés à faire échouer l'interpellation. Les policiers ont alors usé de gaz lacrymogène pour disperser le carré partisan, provoquant un moment de confusion à cause des personnes fortement incommodées par l'inhalation du composé chimique. Les agents de la Sûreté nationale ont réussi à embarquer Lahouazi dans le fourgon cellulaire pour le conduire au commissariat de Cavaignac où il a été placé en garde à vue. Il sera présenté aujourd'hui devant le procureur de la République près le tribunal de Sidi M'hamed. Militant du Rassemblement pour la culture et la démocratie, il est l'un des membres les plus actifs d'ACA (Action citoyenne pour l'Algérie), collectif de ressortissants algériens établis en France, investis dans le mouvement citoyen du 22 février 2019. Il participe à tous les rassemblements anti-régime observés, chaque dimanche, à la place de la République dans la capitale française, et ailleurs en Europe. Trois autres manifestants, dont l'ex-détenu du hirak Nabil Alloune, arrêtés dans la matinée du vendredi, seront également présentés devant le procureur de la République, qui décidera de leur sort. Le CNLD (Comité national pour la libération des détenus) appelle à un rassemblement, aujourd'hui à partir de 10h, devant le tribunal de Sidi M'hamed, en soutien avec les manifestants arrêtés l'avant-veille.