Le département d'Etat a diffusé dimanche dernier un travel warning déconseillant à ses ressortissants de se rendre en Algérie. Cette nouvelle version, qui modifie l'avertissement en vigueur depuis le 19 janvier dernier, estime que “l'environnement global de sécurité — dans notre pays — reste dangereux”. Les services de Condolezza Rice demandent prestement aux américains d'évaluer “soigneusement les risques” de leurs déplacements chez nous. Ils motivent leurs recommandations par l'existence ici “de soucis permanents de sécurité”. À leur avis, Alger et “sa banlieue immédiate” uniquement sont libérées de la spirale de la violence. Ils y constatent, en effet, “une baisse significative des incidents terroristes” depuis plusieurs mois. Ailleurs, bien qu'aux yeux de Washington, “les attaques terroristes (soient) aléatoires”, elles ciblent toujours des “régions rurales et éloignées” et se produisent “sur le transport public en dehors des grandes villes”, soit des faux barrages ainsi que dans “quelques parties du pays de nuit”. L'enlèvement de touristes étrangers dans le Sahara durant le printemps 2003 obnubile les autorités américaines. Elles qualifient le sud algérien de région spécialement dangereuse. “Le département d'Etat continue à avertir ses citoyens d'éviter de voyager dans ce secteur.” D'après lui, les plus téméraires doivent “prendre des mesures de sécurité et être prudents, en prévoyant des contacts sur place, en séjournant dans de grands hôtels internationaux et en évitant de voyager de nuit”. Washington délivre les mêmes conseils à l'adresse de ses agents diplomatiques en poste à Alger. Bien qu'elle admette avoir “levé graduellement les restrictions sur ses employés”, elle leur demande néanmoins d'être vigilants et prudents. Les craintes exprimées par les américains quant à la sécurité de leurs ressortissants en Algérie tranchent avec leur discours politique quant à la réussite des autorités locales à vaincre le terrorisme. En effet, le rôle de l'Algérie et son expérience sont souvent cités en exemple par le président George Bush et ses proches collaborateurs. La dernière mission sénatoriale, conduite il y a quelques jours par Richard G. Lugar, a été l'occasion une nouvelle fois pour la Maison-Blanche de réaffirmer son soutien à l'Algérie. Dans ses rapports avec notre pays, la France entretient la même sympathie. Cependant, comme les Etats-Unis, elle décourage toujours ses ressortissants de s'y rendre. Son avis aux voyageurs, très dissuasif, reste inchangé. S. L.