Fidèles à leur engagement de poursuivre leur mouvement de protestation jusqu'à l'instauration d'une nouvelle république débarrassée des symboles du régime honni, les habitants d'Annaba étaient de nouveau dans la rue, hier. Ils étaient des milliers à l'occasion de ce 50e vendredi consécutif à se presser sur le Cours de la Révolution, place mythique de la ville côtière, devenu, au fil des mois, le lieu de ralliement de toutes les marches pacifiques populaires. Bien que moins nombreux que lors des manifestations précédentes, hommes et femmes venus des quartiers les plus éloignés, pour certains, n'en ont pas moins démontré leur détermination à faire entendre leur revendication d'une Algérie nouvelle. "Une Algérie dirigée par un pouvoir civil et non militaire", comme réclamé en toutes lettres sur les banderoles et les pancartes hissées par la foule. Des slogans scandés et chantés par les marcheurs qui ont tapé des mains au rythme des derboukas et des tambourins tout au long de la procession. Réitérant leur rejet de dialogue proposé par le régime en place, les hirakistes ont continué à contester l'élection et même la légitimité d'Abdelmadjid Tebboune. Tout comme ils ont exigé la libération inconditionnelle des détenus d'opinion, qualifiés pour la circonstance d'otages du système. Aux cris de "Hourya, istiqlal" (Victoire, Indépendance) et "Matkhaoufouneche bel âachria ouahna rabetna l'mizirya" (Vous ne nous faites pas peur avec la décennie noire, la misère nous a endurcis), ils ont marché inlassablement en marquant parfois des arrêts, notamment sur l'esplanade du théâtre régional Azzedine-Medjoubi et à hauteur du siège de l'ancien tribunal de la ville. Surveillée à distance par un imposant dispositif de sécurité, la manifestation s'est dispersée tard dans l'après-midi.