L'assureur-crédit français Coface a maintenu l'Algérie dans la catégorie C, qui concerne les pays à "risque élevé". L'incertitude politique et la persistance des difficultés du secteur des hydrocarbures pèsent sur la croissance économique en Algérie. C'est du moins ce que relève la Compagnie française d'assurances pour le commerce extérieur (Coface), qui a publié, hier, son guide risque pays. L'assureur-crédit a maintenu l'Algérie dans la catégorie C, qui concerne les pays à "risque élevé". En d'autres termes, la Coface juge incertaines les perspectives économiques et financières. Le contexte politique peut être instable et l'environnement des affaires comporte d'importantes lacunes. Dans son appréciation du risque, la Coface fait état d'un ralentissement de la croissance en 2019, estimée à seulement 0,8%, "pénalisée par l'incertitude politique et la persistance des difficultés du secteur des hydrocarbures". En 2020, elle devrait rebondir, mais resterait faible, prévoit l'assureur-crédit français, qui table sur un taux de 1,6%. Alors que les perspectives sont peu favorables pour les prix du pétrole, "le déclin progressif de la production de pétrole et de gaz, imputable à l'épuisement des champs et aux infrastructures vieillissantes, et la croissance de la consommation domestique de gaz naturel devraient continuer à peser sur l'évolution des recettes d'exportations", indique la Coface. L'assureur-crédit estime que l'adoption de la nouvelle loi sur les hydrocarbures et l'abrogation de la règle 49/51 régissant l'investissement direct étranger pourraient encourager l'investissement privé. Mais, nuance-t-il, "les investisseurs risquent de se montrer hésitants face à la résistance de la rue à l'égard de ces textes et, plus globalement, au climat politique incertain". En outre, précise la Coface, "l'activité du secteur privé local devrait également continuer d'être perturbée par les changements abrupts dans l'encadrement et la gestion des entreprises provoqués par les enquêtes anti-corruption". Par ailleurs, l'investissement public pourrait être entravé par l'espace budgétaire restreint. L'assureur-crédit français évoque la persistance du déficit du déficit budgétaire à un niveau élevé cette année. "Avec plus d'un tiers des recettes générées par le secteur des hydrocarbures, les ressources budgétaires devraient rester entravées par les difficultés du secteur. En dépit des augmentations de la fiscalité (hausse de la taxe de domiciliation bancaire par exemple), la faible croissance devrait se répercuter sur leur évolution. Les augmentations d'impôts devraient également rester limitées pour éviter d'alimenter la grogne sociale" note l'assureur. Aussi, ajoute la Coface, "malgré les velléités de réduction du train de vie de l'Etat, les dépenses de fonctionnement, notamment la masse salariale publique, et les transferts sociaux devraient être préservés aux dépens de la dépense d'investissement en capital". La Coface anticipe la poursuite de l'érosion des réserves de changes, estimant que le solde courant devrait rester déficitaire, pénalisé par l'important déficit commercial. Les récentes découvertes de gaz ne devraient pas permettre d'enrayer le déclin des recettes d'exportations des hydrocarbures à court terme. "L'excédent de la balance des transferts, alimentée essentiellement par les envois de fonds de travailleurs expatriés, ne comblera pas les déficits plus élevés des revenus et des services. Ce déficit devrait continuer d'être financé en ponctionnant les réserves de changes, poursuivant leur chute quasi ininterrompue depuis 2014", indique le rapport. La Coface estime que l'élection présidentielle du 12 décembre dernier "ne semble pas offrir un règlement définitif à la crise politique qui secoue le pays". Pour l'assureur-crédit français, "les tensions politiques et sociales sont susceptibles de rester élevées. La prévalence de la pauvreté, le manque d'opportunités d'emplois et le contexte économique difficile alimenteront probablement aussi le mécontentement".