La deuxième journée de la réunion du comité ministériel de suivi de l'accord Opep - non-Opep (JMMC), tenue hier à Vienne, a donné lieu à des discussions serrées entre les membres de l'instance. Mais tout porte à penser que l'Opep et ses alliés veulent agir en fonction du caractère incertain des perspectives des marchés, tout en laissant différentes options ouvertes pour l'avenir, à commencer par une baisse plus forte de la production. Du reste, le bruit courait que l'alliance allait retirer 500 000 barils par jour supplémentaires du marché. Est-ce suffisant pour faire remonter les cours de l'or noir ? Rien n'est sûr ! L'Opep+ envisagerait également d'avancer en février la prochaine réunion ministérielle prévue début mars. Par ailleurs, les acteurs du marché attendaient ce qui pourrait résulter de la réunion du comité, tout en gardant un œil sur les tendances des réserves stratégiques américaines dont les chiffres sont publiés par l'Agence américaine de l'énergie. D'après le rapport dont il est question, les stocks pétroliers domestiques de brut pour la semaine close au 31 janvier, hors réserve stratégique, ont augmenté. Cette hausse n'a, toutefois, pas pesé sur les prix du baril de WTI, le West Texas Intermediate, aussi appelé Texas Light Sweet, qui est une variation de pétrole brut faisant office de standard dans la fixation du cours du brut et comme matières premières pour les contrats à terme du pétrole auprès du Nymex (New York Mercantile Exchange), la Bourse spécialisée dans l'énergie. Ainsi, le marché est moins influencé par ces variables liées aux réserves stratégiques américaines. Il reste plutôt à l'écoute des informations en provenance de Chine, un pays qui représente plus d'un tiers de la croissance de la demande mondiale en pétrole, ce qui en fait un des acteurs du marché les plus importants pour l'Opep et ses partenaires. La Chine, grand importateur de pétrole, a réduit de 20% sa demande en or noir en janvier. Huang Xiaoyong, directeur du Centre chinois de la sécurité énergétique internationale, a expliqué, dans une déclaration aux médias, que la raison de cette baisse était plus profonde que l'épidémie du nouveau coronavirus. L'épidémie de coronavirus 2019 n'est pas la principale raison de la baisse de la demande pétrolière chinoise. Selon Bloomberg, l'épidémie de coronavirus ralentira ses rythmes de croissance au premier trimestre de l'année en cours, mais on peut s'attendre ensuite à une croissance annuelle de 5,7%. Le 3 février, le cabinet Oxford Economics a, d'ailleurs, abaissé sa prévision de croissance pour l'empire du Milieu à 4% pour le premier trimestre 2020, contre 6% prévus auparavant. Les 6,1% de 2019, qui représentaient déjà la pire performance des trente dernières années pour la Chine, ne pourront pas être égalés d'après le cabinet, qui prévoit 5,4% de croissance en 2020. Le Comité technique de l'Opep et ses partenaires est chargé d'analyser la conjoncture sur le marché, afin d'aider l'organisation à ajuster ses quotas de production selon les besoins du marché. L'Opep et ses alliées sont liés depuis 2016 par un accord de limitation de leur production destinée à soutenir les cours de brut face à une offre très abondante. La prochaine rencontre ministérielle de l'Opep et de ses partenaires extérieurs à l'organisation, à leur tête la Russie, est prévue pour les 5 et 6 mars prochain.