Les murs du centre-ville d'Annaba ont de nouveau résonné aux clameurs des manifestants du hirak qui sont sortis par milliers, hier, pour revendiquer le départ du pouvoir en place et l'instauration d'un Etat républicain dirigé par des civils et séparé de l'autorité des généraux. Encadrés par un imposant dispositif de sécurité, les participants à cette 51e mobilisation pacifique se sont rassemblés, dès 13h30, sur l'esplanade du théâtre régional Azzedine-Medjoubi, avant d'entamer leur marche autour du Cours de la Révolution. Reprenant à l'unisson les slogans que scandaient les meneurs de la procession, au moyen de puissants mégaphones, hommes et femmes, drapés dans l'emblème national, ont arpenté les rues mitoyennes à cette immense place publique, en déployant des banderoles et en brandissant des écriteaux dénonçant le système honni et ses dirigeants. En clamant jusqu'à l'essoufflement les désormais célèbres "Ou ce sera nous ou ce sera vous ! La bande de malfaiteurs doit partir !", la foule a tenu à prouver que le hirak est toujours aussi fort qu'au début. Elle a surtout démontré qu'elle n'est pas près d'abdiquer et qu'elle poursuivra son combat jusqu'à satisfaction de sa revendication d'indépendance effective. Une revendication exprimée par des milliers de marcheurs aux cris de "Istiqlal ! Istiqlal !" et qui se répercutaient en écho jusqu'aux limites de la ville côtière. Les manifestants ont exigé la libération immédiate et inconditionnelle des centaines de détenus d'opinion qui croupissent encore dans les geôles du régime et l'application des lois qui garantissent la liberté d'expression. Ils ont également sommé le gouvernement de renoncer à l'application de la loi sur les hydrocarbures et notamment au projet d'exploitation du gaz de schiste dont il a été question ces dernières semaines. Le cortège a commencé à se disperser dans le calme et par petits groupes vers 17h devant le siège de l'agence commerciale d'Air Algérie.