Le procès en appel de Louisa Hanoune et de ses coaccusés s'ouvre demain au tribunal militaire de Blida. L'encadrement et les militants de sa formation politique, le Parti des travailleurs en l'occurrence, ne cessent de se mobiliser pour sa libération, estimant que les poursuites judiciaires engagées contre elle sont sans aucun fondement juridique ou moral. "Mme Hanoune est une responsable politique. Elle n'a rien à voir avec les milieux militaires ou l'Exécutif. Son incarcération et sa condamnation sont une criminalisation de l'activité politique", assène, comme une sentence, Djelloul Djoudi, membre du bureau politique du PT. Il rappelle que c'est une femme qui comptabilise plus de quarante ans de militantisme en faveur de la souveraineté nationale et de la démocratie. "Elle est dans son rôle. Elle ne l'a jamais dépassé", nous précise-t-il. Louisa Hanoune est dans l'opposition active depuis la création de son parti à l'orée de l'ouverture démocratique et de l'avènement du multipartisme par le truchement de la Constitution de 1989 — dans les années 70 et 80, elle activait dans la clandestinité. Le 8 mai 2019, elle a été convoquée par le tribunal militaire de Blida comme témoin dans une affaire de "complot contre l'autorité de l'Etat" et "complot contre l'autorité de l'armée", impliquant le conseiller à la Présidence et frère du chef de l'Etat en exercice au moment des faits, Saïd Bouteflika, deux ex-patrons du DRS, les généraux à la retraite Mohamed Mediène, dit Toufik, et Bachir Tartag, le général à la retraite, Khaled Nezzar, son fils Lotfi et un de ses amis, Farid Benhamdine. Les chefs d'inculpation reposent sur l'article 284 du code de la justice militaire et des articles 77 et 78 du code pénal. Lors du procès en première instance, ouvert le 24 septembre dernier au tribunal militaire de Blida, le juge a condamné Louisa Hanoune, Saïd Bouteflika, Tartag et Mediène à 15 ans de prison ferme, et les autres par contumace à 20 ans de réclusion. Les collectifs de défense ont aussitôt fait appel, au motif que les "conditions d'un procès équitable n'étaient pas réunies". L'opinion publique a, en effet, été prise à témoin, sur un procès jugé "expéditif" et sur le fait que Louisa Hanoune ait été mêlée à tort dans cette affaire. "La place de Louisa Hanoune n'est pas dans une prison", souligne Djelloul Djoudi. Il cite pour exemple le large mouvement de solidarité dans 101 pays à travers le monde. Plusieurs rassemblements de soutien ont été organisés également en Algérie depuis sa mise sous écrou. La présidente du Comité national pour la libération de Louisa Hanoune, la moudjahida et ancienne sénatrice Zohra Drif-Bitat, a d'ailleurs affirmé, il y a quatre jours, que "l'arrestation de Louisa Hanoune a constitué un prélude aux centaines d'arrestations qui ont suivi sous divers alibis".