Devant se tenir hier au tribunal de Constantine, le procès du blogueur Abdelmoundji Khelladi a été finalement reporté au 11 mars prochain, et ce, à la demande de ses avocats. Libéré sans être jugé après trois mois de détention, le 2 janvier, Abdelmoundji Khelladi avait été arrêté par des policiers en civil, le 4 octobre dernier, lors de la 33e marche populaire du vendredi à Constantine. Le blogueur a été placé, aussitôt, sous mandat de dépôt par le juge d'instruction de la troisième chambre du tribunal de Constantine qui l'a inculpé de lourdes charges. En effet, il est poursuivi en vertu des articles 79 et 96 du code pénal pour atteinte à l'intégrité du territoire national et propagande nuisible à l'intérêt national. Abdelmoundji Khelladi, qui était un assidu des marches du vendredi depuis le 22 février dernier, s'était distingué par ses publications sur les réseaux sociaux et animait un blog relayant des informations, images et vidéos traitant principalement du hirak. Ce sont aussi ces publications qui seraient à l'origine de son inculpation qui peut s'avérer lourde de conséquences puisqu'il encourt une peine de 1 à 10 ans d'emprisonnement. En effet, l'article 79 du code pénal stipule que "quiconque a entrepris, par quelque moyen que ce soit, de porter atteinte à l'intégrité du territoire national est puni d'un emprisonnement d'une durée d'un à dix ans et d'une amende de trois mille dinars à soixante-dix mille dinars" et peut, en outre, être privé de ses droits civiques. De même, l'article 96 du même code, qui pèse selon l'accusation sur Abdelmoundji Khelladi, souligne que "quiconque distribue, met en vente, expose au regard du public ou détient en vue de la distribution, de la vente ou de l'exposition, dans un but de propagande, des tracts, bulletins et papillons de nature à nuire à l'intérêt national, est puni d'un emprisonnement de six mois à trois ans et d'une amende de trois mille six cents à trente-six mille dinars. Lorsque les tracts, bulletins et papillons sont d'origine ou d'inspiration étrangère, l'emprisonnement peut être porté à cinq ans". Le tribunal peut prononcer, en outre, dans les deux cas, la peine de l'interdiction des droits énoncés à l'article 14 du code pénal et l'interdiction de séjour. Pour rappel, la chambre d'accusation près la Cour de Constantine, qui a examiné un recours introduit par les avocats du blogueur Abdelmoundji Khelladi contre sa mise sous mandat de dépôt, a confirmé, en date du 15 octobre 2019, l'ordonnance du juge d'instruction du tribunal de la même juridiction portant détention préventive de l'accusé, laquelle ne sera levée que le 2 janvier dernier avec la libération de près de 70 activistes et figures du hirak.