Une ambiance digne des premières séquences du hirak a marqué, hier, le 53e vendredi de la marche dans la capitale de l'est du pays. Un nouvel acte qui intervient à la veille du premier anniversaire du soulèvement populaire du 22 février, célébré d'ailleurs de fort belle manière par des milliers de Constantinois qui ont investi les artères de la ville dès 13 heures, un peu plus tôt que d'habitude. Plus nombreux et surtout plus déterminés, ils ont tenu à démentir fermement le présage d'essoufflement de leur mouvement témoignant d'une fidélité sans faille aux revendications essentielles du hirak. Toutes les tranches d'âges et catégories sociales étaient représentées attestant de la détermination des Algériens d'en découdre définitivement avec le régime politique en place et de réaffirmer une doléance qui les réunit depuis un an exactement : "Irouhou gaâ" (Tous doivent partir), s'agissant du personnel politique qui a conduit le pays à une situation de délitement de la société et des institutions de l'Etat. La cohésion du peuple retrouvée depuis 53 semaines déjà n'a donc pas fléchi tout comme d'ailleurs l'opiniâtreté des manifestants qui rejettent "l'instrumentalisation du hirak" par le pouvoir, dénoncée par certaines pancartes. Des Constantinois qui se sont donc réapproprié, hier, leur cité en esquissant de très belles images empreintes de civisme, de respect, de tolérance et de maturité politique avec une présence, cette fois-ci, de la gent féminine et des familles qui ont marché côte à côte, embellissant davantage la procession. Belles elles l'étaient dans leurs accoutrements de circonstance où les couleurs de l'emblème national dominaient une scénographie fortuite mais ô combien flamboyante ! Chacune et chacun y sont allés de leur propre imagination pour marquer la date anniversaire du 22 février non sans avoir réitéré leur détermination à poursuivre le combat jusqu'à la victoire finale résumée à travers leurs slogans innovants en la consécration effective du pouvoir au peuple dans un Etat de droit, de justice sociale et de liberté, loin du tutorat de la caserne. En effet, "Dawla madania machi aâskaria" ou encore "Tebboune m'zawar jabouh el-aâskar" auront été les mots d'ordre les plus repris durant cette marche. À l'évidence, les détenus d'opinion dont les portraits étaient présents en masse, n'ont pas été oubliés par les manifestants qui ont entonné également des chants et scandé des slogans évoquant la liberté d'expression et l'indépendance de la justice. "Libérez l'Algérie" et "Dignité, liberté et justice sociale" ont été aussi, repris par les marcheurs qui se sont donné rendez-vous aujourd'hui pour battre le pavé pour célébrer l'an 1 du hirak.