Au moment où Bush et Blair menacent clairement Saddam Hussein, l‘ONU et la France estiment que la guerre n'est pas d'actualité. Kofi Annan ne semble pas épouser la position de Washington et Londres, qui font preuve d'impatience et ne cherchent qu'un prétexte pour attaquer l'Irak. Le secrétaire général des Nations unies ne veut pas entendre parler de guerre. Pour lui, “il est possible de désarmer l'Irak pacifiquement, et éviter ainsi une guerre dont les conséquences humanitaires seraient extrêmement préoccupantes”. Annan est conforté dans sa position par la France. Dominique de Villepin verse, en effet, dans le même sens que le SG de l'ONU : “Aujourd'hui, une action militaire n'est pas d'actualité. Nous ne sommes pas dans ce temps là.” Le ministre français des Affaires étrangères exclut le recours automatique à l'utilisation de la force en préconisant une nouvelle résolution du Conseil de sécurité de l'ONU. Quant à l'éventualité de l'usage du veto par son pays, de Villepin dira : “La France ira jusqu'au bout des principes qui sont les siens.” L'Allemagne, qui fait partie depuis janvier des membres non-permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, a la même vision que Paris, et constituera un allié de poids pour la France, dans le cas d'un débat sur l'Irak. Ce n'est pas l'avis de George Bush, qui ne cache plus son impatience en déclarant être “fatigué de ce jeu de mensonges”. “Le temps est compté pour Saddam Hussein, il doit désarmer”, a-t-il précisé. La Grande-Bretagne soutient inévitablement le patron de la Maison-Blanche. Jack Straw presse lui aussi l'Irak de “coopérer pleinement et réellement” avec les inspecteurs onusiens, tout en rappelant que son pays se réservait le droit de recourir à la force, si besoin est, sans passer par le Conseil de sécurité de l'ONU. Le diplomate britannique a, néanmoins, précisé qu'il préférait une seconde résolution de l'ONU avant le déclenchement d'une guerre. Sur le terrain, les inspecteurs onusiens entamaient leur huitième semaine d'inspection des sites, hier, par “le palais de la République”, à Bagdad, considéré comme le deuxième site “sensible” depuis le début des opérations de contrôle. D'après un responsable irakien, la visite se déroulait “normalement et selon les procédures suivies pour les visites des sites irakiens par les experts de l'ONU”. Jusqu'à hier, aucune découverte d'armes prohibées n'a été signalée par les inspecteurs onusiens, et l'Irak se plie à toutes les exigences conformément aux dispositions de la résolution 1 441 du 8 novembre 2002. Cela n'empêche pas les Etats-Unis et la Grande-Bretagne de continuer à masser leurs troupes aux frontières irakiennes. Celles-ci atteindraient 150 000 hommes côté américain, sans compter les Britanniques, d'ici la mi-février, date avancée par certains observateurs pour l'envahissement de l'Irak. Le Pentagone a désigné un général d'origine arabe, John Abizaïd, à la fonction de commandant-adjoint des forces américaines dans le Golfe. Sur le plan diplomatique, des dirigeants arabes, dont Hosni Moubarek, tentent de trouver une formule acceptable par Washington et Bagdad pour éviter la guerre K. A.