Les premiers signes d'une campagne américaine pour le départ du secrétaire général des Nations unies sont là. L'Amérique n'a apparemment pas pardonné à Annan sa position contre la guerre en Irak. Le nombre d'élus républicains au Congrès appelant à la démission de Kofi Annan, voire à sa traduction devant la justice, ne cesse de grandir. Le programme irakien “pétrole contre nourriture” constitue le point de départ de la campagne américaine contre Kofi Annan, menée conjointement par des membres du parlement et une partie de la presse. En clair, il est notamment reproché au premier responsable de l'instance onusienne d'avoir permis à Saddam Hussein, à travers ce programme, de détourner des milliards de dollars. Si George Bush y va progressivement dans sa démarche visant à éjecter de son poste le secrétaire général de l'ONU, les représentants de son parti au Congrès l'accablent de tous les maux. Le président américain fait planer sur les Nations unies la menace d'une restriction de la contribution financière américaine au budget de l'instance, si jamais la gestion financière n'est pas transparente. Quand on sait que les Etats-Unis couvrent pas moins de 22% des dépenses de l'ONU, il ne fait aucun doute qu'un blocage de cette subvention conduirait à une paralysie partielle des activités de l'organisation. Cette menace est brandie également par plusieurs élus républicains. Certains d'entre eux, à l'instar du New-Yorkais Vitto Fossella, estiment que la démission de Kofi Annan est indispensable parce que, à leurs yeux, il représente la principale source de blocage de l'accomplissement des missions dévolues à l'ONU. D'autres, par contre, exigent du secrétaire général de coopérer pleinement avec les enquêtes américaines sur le programme “pétrole contre nourriture”, dans lequel le nom de Kojo Annan, fils de Kofi, est cité. Les Américains ont choisi cette période pour ouvrir le feu sur Kofi Annan en raison de la contestation dont il a fait l'objet de la part d'une partie de son personnel. En effet, une grève a failli être déclenchée, il y a de cela quelques jours, en signe de protestation contre la couverture qu'il aurait accordée à l'un de ses proches collaborateurs, accusé de harcèlement sexuel. Il faut s'attendre à une montée en puissance de cette campagne américaine contre le patron onusien, qui refuse pour l'instant de céder à la pression. Il écarte totalement toute idée de démission. Son souhait demeure la mise en place d'une commission d'enquête indépendante, et c'est à partir de ces conclusions qu'il réagira. Si Washington ne veut plus de Kofi Annan, Londres lui apporte son soutien par la voix de Tony Blair. Ce dernier estime qu'il “fait du bon travail comme secrétaire général de l'ONU, souvent dans des circonstances très difficiles”. Pour le premier ministre britannique, les critiques dont fait l'objet Annan sont “injustes”. L'Union africaine réaffirme, quant à elle, sa “confiance inébranlable” en Kofi Annan. Le conseil exécutif de l'UA n'a pas manqué de faire part de sa “grande préoccupation” face à “la campagne de calomnies orchestrée par les Etats-Unis contre le secrétaire général de l'ONU”. L'UA “croit fermement en l'intégrité et la capacité du secrétaire général de l'ONU, qui a constamment montré son engagement dans l'idéal des Nations unies”, ajoute le communiqué du conseil exécutif pour mieux montrer son soutien au Ghanéen. K. A.