Le recours par les gendarmes aux gaz lacrymogènes a donné lieu à de violents affrontements qui se sont soldés par la blessure de deux éléments des forces de sécurité et de dizaines de manifestants. Tôt, hier matin, des gendarmes antiémeute, dépêchés de la wilaya de Sétif, ont investi ce village de 4 500 âmes afin de procéder à la réouverture d'une station de pompage d'eau potable, fermée depuis deux mois par les villageois, en signe de protestation pour le raccordement de leur village au réseau de gaz naturel. La descente musclée des forces d'intervention de la Gendarmerie nationale s'est vite transformée en scènes d'émeutes en plein centre du village de Snadla. En effet, le recours par les gendarmes aux gaz lacrymogènes a donné lieu à de violents affrontements qui se sont soldés par la blessure de deux éléments des forces de sécurité et de dizaines de manifestants. Selon le P/APC de Draâ El-Gaïd, Mouhoub Messaoud, les émeutes ayant secoué, hier matin, sa municipalité, ont causé des blessures à une cinquantaine de citoyens. "Au moment où je vous parle, je suis à l'hôpital de Kherrata, où on a évacué pas moins d'une cinquantaine de citoyens et deux gendarmes blessés lors des affrontements de ce matin. Toutefois, nous n'avons qu'un seul cas présentant une fracture de l'avant-bras, qui devrait être opéré dans un instant", nous a-t-il déclaré au téléphone. Notons que ces violents incidents auraient pu être tragiques si les gendarmes n'avaient pas pris la décision de se replier et de quitter les lieux, en empruntant le chemin menant vers la commune limitrophe d'Aïn Roua, relevant de la wilaya de Sétif. Car, des centaines de citoyens, dont des activistes du mouvement populaire de la ville de Kherrata se sont mobilisés pour venir en renfort et en soutien aux villageois de Snadla. D'ailleurs, une fois alertés par les activistes locaux sur les réseaux sociaux, ils ont aussitôt procédé à la fermeture de la RN9 reliant Béjaïa à Sétif, au lieu-dit Merouaha. Dans un appel lancé, hier, sur Facebook, le collectif citoyen de la ville de Kherrata appelle la population locale à adhérer massivement aux actions de protestation prévues, dès aujourd'hui, jeudi. Comme première action, il a été décidé de procéder à la fermeture de la RN9 au niveau de Merouaha, à l'est de la ville de Kherrata, et de l'entrée du tunnel situé à la sortie ouest. Pour rappel, les habitants de Snadla, qui réclament le raccordement de leurs foyers au gaz naturel, ont décidé de fermer les vannes de la station de traitement des eaux du barrage Ighil Emda, qui alimente quelque 13 communes de la wilaya de Sétif en eau potable. Réagissant à cette intervention musclée des forces de sécurité, le bureau régional du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) de Béjaïa a rendu publique, hier, une déclaration dénonçant "une violente répression qui s'est abattue sur des citoyens revendiquant leurs droits élémentaires et légitimes." "L'intervention musclée de la gendarmerie, en usant de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogènes et en ciblant même des habitations, a causé l'étouffement d'enfants et de personnes âgées et contraint les habitants à déserter leurs maisons et rester dehors pendant des heures", a déploré le RCD de Béjaïa, tout en mettant en garde contre "l'usage récurrent de la répression visant toute action pacifique". Exprimant sa solidarité et son soutien à la population de Draâ El-Gaïd et celle de toute la wilaya dans sa lutte quotidienne pour arracher ses droits et améliorer son cadre de vie, le parti de Mohcine Belabbas "alerte contre toute tentative ciblant à déstabiliser la région" et la faire "sombrer dans la violence" et invite la population de la région à "rester mobilisée et vigilante jusqu'à l'aboutissement de notre révolution et l'avènement d'une nouvelle Algérie démocratique et sociale".