Les cours du pétrole continuaient leur chute libre hier devant la propagation de l'épidémie virale hors Chine et ses conséquences potentielles sur les échanges et la demande mondiale en brut. Les contrats à terme du Brent sont ainsi tombés sous la barre des 50 dollars le baril, atteignant leur plus bas niveau depuis juillet 2017. Vers 11h (heure algérienne), le Brent pour livraison en avril se négociait à 49,70 dollars le baril, en baisse de 3,7% par rapport à la veille. Les contrats à terme sur le brut américain ont également baissé de 3,8% à 44,30 dollars le baril. Par rapport à leurs plus hauts respectifs touchés jeudi 20 février dernier, le baril de Brent abandonne 16,8% et le baril de WTI a lâché 17,3%. Déjà bien installées en zone dite de "correction", les deux références mondiales sur le marché de l'or noir se rapprochent d'une situation de "bear market" (chute supérieure à 20%), et cela, en moins de dix jours. Les craintes d'une pandémie de coronavirus continuent de mettre les cours du pétrole sous pression. Alors que le pétrole continue de couler, tous les regards sont désormais tournés vers la réunion de la semaine prochaine de l'Opep+, où l'organisation et ses alliés se réuniront à Vienne du 5 au 6 mars. En effet, les craintes d'un déséquilibre entre l'offre et la demande sont d'autant plus prégnantes que l'Opep et ses partenaires, parmi lesquels la Russie, ont montré des dissensions la semaine dernière, au moment de se mettre d'accord sur d'éventuelles coupes supplémentaires dans la production. La prochaine réunion prévue la semaine prochaine à Vienne sera donc particulièrement scrutée. Dans l'hypothèse où les pays producteurs ne parviendraient pas à se mettre d'accord sur une stratégie commune, le brut pourrait chuter sous les 30 dollars, prédisent déjà certains analystes. La Russie, par la voix de son ministre de l'Energie Alexandre Novak, s'est dit jeudi "très satisfaite de la coopération avec l'Arabie saoudite" et a assuré "vouloir continuer à coopérer davantage non seulement dans le cadre des relations multilatérales de l'Opep+, mais également en bilatéral" avec Riyad. Selon Rob Thummel, gestionnaire de portefeuille chez Tortoise Capital Advisors, "l'Opep équilibrera probablement le marché grâce à une réduction de l'offre de pétrole une fois que l'impact sur la demande sera plus certain". Mais tout le monde n'est pas convaincu que l'Opep+ sera en mesure de fournir un plancher pour les prix. Certains analystes estiment que l'Opep pourrait avoir à vivre avec une période frustrante où le pétrole restera coincé dans la zone des 40 à 50 dollars le baril. Parce qu'il s'agit d'une crise de la demande, contrairement à la situation d'offre excédentaire typique que le marché a souvent connue au cours des six dernières années, grâce au boom de la fracturation aux Etats-Unis et au pétrole de schiste bon marché.