Le 2e jour du procès lié aux dossiers du montage automobile et du financement de la campagne électorale pour le 5e mandat de Bouteflika a vu défiler à la barre une foule de responsables à tous les niveaux de l'Etat. Le procès en appel de l'affaire du montage de véhicules et du financement occulte de la campagne électorale du 5e mandat avorté de Bouteflika s'est poursuivi pour son 2e jour, hier, à la Cour d'Alger. Le premier à être appelé par le juge est Mahdjoub Bedda, ancien ministre de l'Industrie et des Mines. D'emblée, Mahdjoub Bedda a rappelé qu'il a été désigné au poste durant deux mois et demi et qu'il n'a jamais traité de dossiers des usines de montage de voitures. "J'ai toujours critiqué le système SKD-CKD", a-t-il dit, annonçant que des propriétaires de ces usines "m'appelaient l'adversaire des investisseurs". "Ce sont eux qui m'ont démis de mon poste", a-t-il accusé, rappelant que sa désignation en tant que ministre de l'Industrie était sous la houlette d'Abdelmadjid Tebboune et non sous Ouyahia et Sellal. Interrogé par le juge et le procureur général sur les six autorisations qu'il avait signées, Mahdjoub Bedda s'est défendu d'avoir octroyé un quelconque avantage aux usines de montage. "J'ai signé des expertises techniques qui étaient conçues comme preuve de l'existence de ces usines", a-t-il répondu, avant que le procureur ne l'interroge sur le fait concernant ces expertises signées sur une activité "illégale à la base". Pour Bedda, il ne pouvait faire autrement puisque "je n'avais pas assez de temps pour changer le cahier des charges dont je préparais la révision avec des experts dont l'actuel ministre du secteur, Ferhat Aït Ali". Bedda a ajouté qu'il a mis fin aux fonctions de 13 cadres du ministère. "C'est . Haba, secrétaire général de la Présidence, qui m'a appelé pour les réintégrer. Chose que j'ai refusée", a-t-il encore dit. Il a également rappelé qu'il a été convoqué, une première fois, comme témoin, mais il s'est retrouvé dans la posture d'un accusé. Après Mahdjoub Bedda, c'est Hassan Arbaoui qui a été appelé à la barre. Il a expliqué que sa famille "s'est spécialisée" dans la vente automobile depuis plusieurs années. Dans son exposé, Hassan Arbaoui, patron de Global Motors, a souligné qu'il n'a contracté qu'un seul crédit auprès de la banque El-Khalidj, de 75 millions de dollars, qu'il devait rembourser avant 2028. Le procureur a interrogé Hassan Arbaoui sur son apport à la campagne électorale de Bouteflika et sur la nature des "garanties" offertes à la banque pour décrocher deux crédits, d'une valeur de 75 millions de dollars et 152 millions de dinars. La même question sera posée au P-DG du CPA, Aboud Achour, qui a répondu que la seule garantie était les constructions appartenant au groupe Arbaoui. Le procureur a relevé que l'assiette foncière ne peut en aucun cas constituer un objet d'hypothèque puisqu'elle appartient à l'Etat. Abdelghani Zaâlane, ancien ministre et ancien directeur de campagne de Bouteflika, a été interrogé, sur le financement de la campagne du 5e mandat avorté de Bouteflika. L'accusé a nié avoir participé ou récolté des fonds pour la campagne, puisque "ma nomination n'a duré que 5 jours". "C'est Saïd Bouteflika qui m'a appelé et m'a donné rendez-vous à la Présidence pour me remettre l'ordre de mission signé par Abdelaziz Bouteflika", a révélé Zaâlane. Farès Sellal a été interrogé, quant à lui, sur ses relations avec Ahmed Mazouz. Il a parlé, pour sa part, "des avantages" dont il a bénéficié. Yasmina Zerhouni et plusieurs cadres du ministère de l'Industrie ont été également auditionnés. Le procès se poursuivra aujourd'hui. Il est prévu l'audition d'Ali Haddad et de Mohamed Baïri.