Pour le patron de Méditerranée Polyster, il serait plutôt préférable que le pays revienne dans les deux à trois années à venir au système des concessions. n En cinq ans, l'industrie de montage automobile a changé de cap et a vu apparaître un des plus retentissants scandales politico-financiers de l'ère Abdelaziz Bouteflika. La semaine dernière, alors que le procès en appel des principales figures impliquées dans le dossier de l'assemblage automobile se tenait à Alger, le nouveau ministre de l'Industrie et des Mines, Ferhat Aït Ali, évoquait la volonté de l'actuel gouvernement de remettre de l'ordre dans le secteur à travers l'institution d'un nouveau cahier des charges, actuellement en préparation. Un nouveau cadrage juridique avec une liste d'ingrédients raccourcis, mêlant l'exigence d'un taux d'intégration initial de 30% et d'un apport en capital de 30% au minimum de l'investisseur aux impératifs de disponibilité des véhicules à des prix accessibles aux consommateurs. Le tout donne corps à ce qui s'apparente à la nouvelle stratégie actuellement en préparation dans les cuisines de l'Exécutif. Une innovation qui, pour nombre de professionnels, s'apparente plutôt à la volonté de fermer le dossier du montage automobile, tant il est vrai que certaines conditions seraient impossibles à satisfaire. Hamza Saïd, directeur général de Méditerranée Polyster, contacté par Liberté, estime que l'exigence d'un taux d'intégration initial de 30% "ne pourrait être satisfaite sans la contribution du constructeur". Le préalable posé par le gouvernement nécessite un important investissement financier et technologique, alors que le retour sur investissement pourrait ne pas être garanti. "Ces exigences sont impossibles à satisfaire, car le constructeur ne peut s'engager à la fois sur un important investissement, dont les chaînes sont complètement robotisées, sur un taux d'intégration de 30% avec un faible volume de production et l'exigence de prix compétitifs", souligne Hamza Saïd, dont l'entreprise est spécialisée dans la fabrication de la carrosserie pour véhicules industriels, bus, autobus et autres composants pour véhicules. Il se veut prudent et sceptique quant à l'aboutissement du nouveau projet industriel du gouvernement. Pour lui et pour nombre de sous-traitants, il n'est pas sûr que cette stratégie d'usinage qui se façonne un nouveau visage puisse convaincre les constructeurs. Pour le patron de Méditerranée Polyster, investi également dans l'habillage de tramways, il serait plutôt préférable que le pays revienne dans les deux à trois années à venir au système des concessions, tout en diversifiant les marques, "pour que le véhicule puisse être disponible à un prix étudié et contrôlé avec une garantie et un service maintenance, en attendant des jours meilleurs, voire une nouvelle stratégie dans le domaine de la construction automobile". Selon lui, le nouveau texte juridique, dont les grandes lignes ont été présentées par le ministre de l'Industrie et des Mines, gagnerait à être enrichi pour permettre une meilleure visibilité aux opérateurs.